Résumé : Samir discute avec Ilhem et lui avoue ses appréhensions quant aux sentiments qui les unissaient encore... Elle lui rétorque qu'ils n'avaient pas le choix... Ils s'aimaient, et dans ce cas, autant couvrir le soleil avec un tamis... Des pas s'approchaient, et Samir dut mettre fin à leur communication... Mordjana le rejoint... Elle voulait visiblement l'entretenir d'un sujet qui les concernait tous les deux. Il soupire : -Alors accouche. Elle le regarde, puis baisse les yeux : -Tu sais bien que si je pouvais accoucher, je n'en serais pas là. Il se rendit compte de sa bévue et le regrette. Il tendit la main pour écraser sa cigarette dans un cendrier et revint vers elle : -Excuse-moi Mordjana... Mes nerfs sont à fleur de peau ce soir. -Je sentais que tu n'étais pas bien dans ta peau. -Ce n'est rien... Je suis un peu surmené voilà tout... Oublie tout ça, et revenons à nos moutons. Que voulais-tu me dire de si important pour me tirer de mon sommeil ? Elle se passe une main sur le visage et lance d'une voix étranglée : -Je voulais te parler de l'adoption. Il écarquille les yeux : -De quoi ? -De l'adoption... Je... J'ai décidé de t'écouter et de penser sérieusement à adopter un enfant. Il fronce les sourcils. Depuis le temps qu'il lui proposait cette ultime solution à leur problème de couple sans enfant, elle n'y avait jamais porté d'intérêt. Parfois, elle avait été jusqu'à le menacer de le quitter s'il persistait dans son insistance. Il avait alors battu en retraite et n'avait plus reparlé de ce sujet. Et ce soir, c'est elle qui y revenait. -Tu es sérieuse Mordjana ? Elle hausse les épaules, impuissante : -Ai-je le choix ? Nous avons tout tenté depuis deux années. J'ai fini par me rendre à l'évidence : nous n'aurons jamais d'enfant... Alors, tant que nous sommes encore jeunes, profitons des possibilités d'une adoption... Nous aurons ainsi le loisir de montrer à ta famille que, quoi qu'il arrive, nous avons décidé de rester unis jusqu'à la fin de nos jours. Il la regarde éberlué. Avait-il bien entendu ? Mordjana voulait adopter un enfant et faire en sorte de consolider leur couple. Il déglutit avant de demander : -As-tu bien réfléchi cette fois-ci ? Elle hoche la tête : -Cela fait des jours que cette idée me taraude... Je ne dors plus, rien qu'à l'idée de vieillir en solitaire... Je t'aime Samir, et mon vœu le plus cher était de te combler par la venue d'un enfant. Hélas ! Dieu n'a pas voulu exaucer mes prières. Que sa volonté soit faite... Si toutes nos tentatives dans ce sens ont échoué, je préfère avoir recours à cette ultime solution. Samir ne répondit pas. Il tendit le bras vers elle, et elle se blottit toute tremblante contre lui. Il avait ressenti sa vulnérabilité et sa détresse jusqu'au fond de son âme, et ne voulait pas rajouter à son désarroi, ses réflexions sur le sujet. En effet, depuis qu'il avait renoué avec Ilhem, ce sujet lui était totalement sorti du crâne. Il n'avait plus repensé ni à l'adoption ni à la possibilité de vivre sans enfant jusqu'à la fin de ses jours. Cette éventualité lui avait même parue superflue. Mordjana se serre davantage contre lui et demande : -Ma proposition te paraît bizarre, n'est-ce pas ? Il secoue la tête : -Non... Je trouve que tu es redevenue plus raisonnable. Prenons le temps d'étudier mûrement cette opportunité. -Bien sûr mon chéri... Je voulais juste t'en toucher un mot ce soir... Je crois que c'est les propos acerbes de tes tantes qui me poussent à bout. Il secoue la tête et l'embrasse sur le cou : -Je n'en crois pas un mot... C'est plutôt ton instinct maternel qui reprend le dessus... -Tu crois ? -Bien sûr ma chérie... Toutes les femmes rêvent d'avoir des enfants... Tu ne peux pas faire exception. -Et les hommes ? C'est pareil pour les hommes aussi... Peut-être à un degré moindre... Elle lui souffle dans l'oreille : -Tu es un beau menteur Samir... Il rit : -Puisque tu le dis, je ne pourrais m'en disculper... -C'est toi le premier qui avais eu l'idée de l'adoption... -Oui... Mais c'était pour te faire plaisir et mettre fin à tes préoccupations. -J'espérais tant porter ton enfant... -Si Dieu ne l'a pas voulu, c'est qu'Il a Ses raisons. -Oui, je le conçois... Y. H. (À suivre)