Les deux Parlements libyens parallèles continuent de camper sur leurs positions face aux propositions de la mission onusienne pour une sortie de crise, dans le cadre du dialogue inter-libyen, malgré une situation sécuritaire qui risque de mener la Libye à la scission. Hier, le Premier ministre Abdallah al-Theni, du gouvernement libyen de Tobrouk, internationalement reconnu, a déclaré que le processus de dialogue interlibyen pourrait se prolonger jusqu'à fin décembre, voire au-delà, dans un entretien qu'il a accordé à un journal maltais. Abdallah al-Theni accuse ouvertement le Conseil général national (CGN), le Parlement parallèle de Tripoli, d'en être le responsable. Le chef du gouvernement "légitime" a expliqué que le CGN cherche à jouer un rôle politique de premier ordre en Libye, a rapporté Times of Malta. "Or, si la Libye venait à retrouver sa stabilité, après l'adoption d'une nouvelle constitution et la tenue des élections générales, les représentants du CGN savent qu'ils n'auront aucun acquis politique", a-t-il estimé. De son côté, tout en réaffirmant que "le dialogue reste le seul choix stratégique pour une sortie de crise en Libye", le président du CGN, Nouri Abou Sahmine, a affirmé qu'il ne cèderait pas aux menaces des capitales européennes, dont Paris, Bruxelles et Berlin, qui pressent le Parlement de Tripoli, sous le contrôle de la milice islamiste Fajr Libya, d'accepter la quatrième mouture présentée par Bernardino Leon, l'envoyé spécial onusien en Libye, lors de la réunion de Skhirat, la semaine dernière. Pour le président du CGN, ces "comportements sont en contradiction avec les lois et conventions internationales", a rapporté Libyens.net, l'agence de presse en ligne proche de Fajr Libya. Pour Nouri Abou Sahmine, c'est à Abdallah al-Theni et au Parlement de Tobrouk d'assumer leurs responsabilités, en cas d'échec des discussions de Skhirat qui devaient reprendre jeudi dernier, mais reportées en raison de l'absence des représentants de l'Assemblée de Tripoli. Le CGN avait quitté Skhirat lundi, contestant les modifications qui auraient été apportées à la dernière mouture du document onusien. Les représentants du Congrès général national ont demandé, par la suite, un délai d'au moins une semaine pour discuter des points inscrits dans ledit texte élaboré par l'ONU. L'ensemble des acteurs impliqués dans le dialogue interlibyen, au sein de la communauté internationale, avaient espéré un premier accord avant le début du mois de Ramadhan. Ce n'est malheureusement pas le cas, alors que l'organisation de l'état islamique gagne du terrain en Libye et menace de disparition ce pays, en guerre civile depuis la chute de l'ancien régime de Kadhafi en 2011. L. M.