Le taux de croissance attendu en 2003-2004 dans la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient ne devrait pas dépasser les 4%. Une conjoncture économique mondiale stagnante et une croissance, beaucoup plus lente que prévu, dans les 12 à 18 mois à venir, entraveront les efforts de réduction de la pauvreté dans les pays en développement, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale. Il devient donc de plus en plus urgent de démanteler les barrières aux échanges commerciaux et à l'investissement, qui frappent de plein fouet les populations pauvres des pays en développement. Selon le rapport, “Perspectives économiques mondiales” 2003 “Investir pour libérer les initiatives mondiales”, les incertitudes dans lesquelles sont plongés les marchés mondiaux ont sapé l'élan de la modeste reprise enregistrée début 2002. Le rapport définit les mesures que les pays riches et les pays en développement peuvent prendre dans la conjoncture actuelle, marquée par l'incertitude, pour renforcer la croissance et réduire la pauvreté dans les pays en développement. Après des rythmes de croissance particulièrement faibles en 2001 et 2002, le PIB mondial doit augmenter de 2,5 % en 2003. Un taux supérieur à celui des deux années précédentes, mais bien inférieur à la hausse de 3,9% enregistrée en 2000. Selon les prévisions du rapport, la reprise entamée fin 2001 pourrait s'essouffler et il y a un risque significatif qu'une récession s'instaure. “La reprise a été beaucoup plus hésitante et inégale que ce à quoi nous nous attendions”, dit Nicholas Stern, économiste en chef et premier vice-président à l'économie du développement de la Banque mondiale. Selon les dernières prévisions, les pays à revenus élevés enregistreront en 2003 un taux de croissance d'environ 2,1%. Et les pays en développement devraient connaître une croissance moyenne beaucoup plus rapide, de 3,9%. Mais cette moyenne masque des différences régionales marquées, l'Asie de l'Est se présentant en tête avec 6,1%, suivie de l'Asie du Sud avec 5,4%. Dans les autres régions, la croissance se situera à moins de 4% avec l'Amérique latine et l'Europe de l'Est atteignant difficilement le taux de croissance de 1,8%. En dehors de l'Asie, les taux de croissance dans la plupart des pays en développement seront très faibles pour générer une réduction significative de la pauvreté. Concernant la zone Moyen-Orient - Afrique du Nord, le rapport affirme qu'en dépit des prix du pétrole élevés, le taux de croissance a baissé à 2,5% en 2002, contre 3,2% en 2001. Pour l'Algérie, le rapport de la Banque mondiale note, encore une fois, le retard dans la conduite des réformes. “Les privatisations n'ont pas beaucoup avancé et les réformes dans le secteur de l'énergie traînent”, lit-on dans ce même rapport. Du coup, la croissance, selon la Banque mondiale, sera réalisée, à moyen terme, “en bonne partie par le secteur public”. C'est que le ratio des investissements privés hors hydrocarbures est encore extrêmement bas. Le rapport de la Banque mondiale souligne que l'Algérie connaîtra une augmentation de la production de pétrole et des exportations de gaz. Mais les restrictions, résultant des quotas Opep, font que l'apport du secteur des hydrocarbures dans la réalisation d'une croissance élevée est compromis, du moins à moyen terme. Les pays exportateurs de pétrole ont tous eu recours aux dépenses budgétaires pour soutenir la croissance, en l'absence d'investissements privés. L'Algérie, par exemple, selon la Banque mondiale, a consacré 10% du PIB de 2001 au programme de soutien à la relance économique. Concernant le Maroc, l'Egypte et la Tunisie, les attentats du 11 septembre ont fait que les recettes en devises tirées du tourisme ont considérablement baissé. En Egypte, la réduction du tourisme est estimée à 41%, au Maroc, elle est de 20%. La Banque mondiale estime que, à long terme, les pays de la région Mena vont connaître plusieurs contraintes. C'est que la région dépend fortement des ressources extérieures tirées principalement du pétrole et du tourisme. Cette dépendance aux hydrocarbures et au tourisme accentue la vulnérabilité des pays de la région. Pour les pays exportateurs de pétrole, comme l'Algérie, le problème est plus grave, avec la montée en cadence de la production de pétrole de la mer Caspienne à l'horizon 2005-2006. M. R.