Dans de nombreux pays, le secteur touristique représente jusqu'à 10% du PIB. En Algérie, l'apport de ce secteur est quasi insignifiant. Les retards accumulés, y compris par rapport à nos voisins immédiats, sont alarmants en dépit du discours triomphaliste des pouvoirs publics. Tous les spécialistes conviennent à penser que l'Etat a négligé le tourisme, qui, rappelons-le, est source de devises, générateur d'emplois et créateur de richesses hors hydrocarbures. Les différents responsables qui se sont succédés à la tête de ce secteur, ont tantôt pointé du doigt les retards accusés, tantôt mis en avant les réalisations enregistrées et la "stratégie" de développement du tourisme. Cette "stratégie" s'articule autour de deux axes. La création de zones d'extension touristique (ZET) et le SDAT (Schéma national d'aménagement de développement touristique). S'agissant des ZET, le portail du ministère du tourisme nous indique que "L'Algérie totalise 205 ZET délimitées, déclarées et classées, en application de décrets exécutifs dont 155 balnéaires, 30 sahariennes, 11 climatiques et 9 thermales. Nous constatons que ces textes législatifs datent de 15 ans en moyenne et la plupart de ces zones ne sont pas viabilisées pour de nombreuses raisons (contentieux liés au foncier, problèmes de financement, pesanteurs bureaucratiques etc.). Au demeurant, l'actuel responsable en charge de ce secteur, lors de sa récente visite à Bédjaia, a déclaré : "Il faut lever les contraintes, qui parfois sont d'ordre futile qui entravent l'investissement (touristique) et aller vite dans la réalisation".Il a, par ailleurs, demandé aux promoteurs d' entamer leurs projets sans même attendre les procédures inhérentes à la viabilisation des terrains, qui prennent beaucoup de temps. "Il ne faut pas attendre que la zone soit complètement viabilisée pour passer à l'investissement". Par ces temps de disette financière (chute de 50% de nos recettes liées à la commercialisation des hydrocarbures, 10 milliards de dollars de déficit de la balance des paiement durant le premier trimestre en cours selon le rapport de conjoncture de la Banque d'Algérie) ; ces paramètres constituent autant de clignotants rouges qui devraient inciter les pouvoirs publics à s'intéresser plus que par le passé à ce secteur dans le cadre d'une politique d'ensemble de diversification de l'économie nationale. Sur un autre registre, chaque fois que les périodes de vacances se présentent, les Algériens se demandent où aller, comment, et avec quels moyens y aller? Mais que leur offre- t- on chez eux. Pourtant, dans les années 70, l'Algérie s'était engagée dans une politique volontariste de développement du tourisme essentiellement orienté vers la clientèle étrangère, sans complexe, y compris à travers des opérations de partenariat en relation avec Club Med mais aussi, pour le tourisme de masse, en grande partie supporté par les œuvres sociales des grandes entreprises publiques. L'activité touristique avait créé beaucoup d'emplois de même que les instituts de formation de la ressource humaine permettaient d'offrir des prestations de qualité. C'était un début plein de promesses, sauf que la dynamique du secteur privé était carrément marginalisée, voire bloquée contrairement à nos voisins de l'Est et de l'Ouest. Au fil des années, la situation s'est dégradée. Dans le même temps, l'amélioration relative du niveau de vie des Algériens a généré des besoins nouveaux en loisirs et dans le domaine touristique. Dès lors, la demande locale est allée en s'accroissant alors que l'offre nationale est restée inchangée. Pis encore, elle a régressé en termes d'infrastructures, de lits et de qualité de service. Hormis quelques réalisations privées, au demeurant loin d'égaler les standards internationaux, et qui sont inaccessibles pour la majorité des citoyens du fait des tarifs exorbitants pratiqués dans une situation de déficit d'accueil touristique. Ceux qui ont les moyens préfèrent recourir, à prix égal ou inférieur, et avec une meilleure qualité de service, aux prestations touristiques étrangères, souvent chez nos proches voisins. Et c'est autant de pertes sèches en devises pour notre pays qui en a grandement besoin. Souhaitons que les décideurs prennent, de façon résolue "le taureau par les cornes" et passent du discours aux actes. A. H.