Faisant coïncider leur attentat contre un hôtel de Mogadiscio, abritant des représentations diplomatiques, avec la visite du président des Etats-Unis, dans le Kenya voisin, les Shebab somaliens ont voulu ainsi marquer leur présence en force en cette période où ils ont multiplié les actions terroristes. Ils ont répondu à Barack Obama, qui quittait Nairobi pour l'Ethiopie, après y avoir affirmé que les islamistes somaliens étaient "affaiblis". Ainsi, au moins 13 personnes ont été tuées dans cet attentat perpétré dimanche, a affirmé hier une source sécuritaire, révisant un précédent bilan de six morts. Selon la même source "les dégâts sont énormes et jusqu'ici la mort de 13 personnes, tous des civils innocents, a été confirmée", et "certains blessés sont morts la nuit dernière, d'autres corps ont aussi été découverts sous les débris de bâtiments alentour". Parmi les victimes figuraient un diplomate chinois et un journaliste. L'hôtel abrite les ambassades de Chine, du Qatar et des Emirats arabes unis à Mogadiscio. Le porte-parole des Shebab, Sheikh Ali Mohamud Rage Ali Dhere, qui a revendiqué l'attentat, a expliqué qu'ils s'en sont pris à cet hôtel pour son symbole, car, il abrite des "ambassades et d'autres entités opposées à l'islam". L'attaque, a-t-il encore dit, a été menée en représailles à une récente offensive lancée par l'Amisom contre leurs derniers bastions du Sud somalien. Pour rappel, un véhicule piégé a soufflé la façade de l'hôtel Jazeera en fin d'après-midi dimanche, au moment même où le locataire de la Maison-Blanche s'envolait vers Addis-Abeba. Le Kenya et l'Ethiopie participent à une force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui combat les Shebab, affiliés à Al-Qaïda, aux côtés de l'embryon d'armée somalienne. Quant aux Etats-Unis, ils mènent eux-mêmes régulièrement des attaques de drones contre les islamistes en Somalie. À signaler que l'hôtel Jazeera avait déjà été la cible d'attaques des Shebab par le passé, et notamment d'un attentat suicide en 2012 alors que le président somalien se trouvait à l'intérieur. Certes, affaiblis sur le terrain militaire par les actions des 22 000 soldats de l'Amisom, les Shebab multiplient en Somalie les assassinats et opérations de guérilla, contre des cibles gouvernementales mais aussi contre l'UA ou l'ONU. M. T.