Chaque individu a droit à un espace pour se promener, pour jouir de la vie comme il l'entend sans se faire bousculer par les autres personnes. Nos rues ne sont pas spacieuses pour permettre à chacun de nous de jouir de ce plaisir. La police est parfois dépassée par les événements et n'arrive pas à subvenir aux besoins de l'ensemble de la communauté d'un village ou même d'une ville surtout les pauvres vieux et vieilles qui ne peuvent se déplacer que sur les trottoirs. Nos trottoirs sont par moment décapés ou ayant perdu à d'autres endroits toute une pièce de goudron. Ces défections sont souvent à l'origine de graves accidents qui poussent les gens âgés à être les véritables clients de nos hôpitaux. Qu'en est-il de nos trottoirs même accidentés ? Les automobilistes n'ont pas trouvé mieux pour garer leur voiture que sur le trottoir même. Les personnes âgées n'ont plus que la chaussée à utiliser. Les autres automobilistes viennent derrière elles et font agir leur klaxon comme pour annoncer qu'elles avaient occupé leur terrain, leur espace. Pendant le carême, des altercations ont lieu jour dès les premiers moments de la journée. Les pauvres personnes âgées sont obligées souvent d'abandonner la partie devant des jeunes costauds plein de vigueur, quand elles ne font pas appel à leurs descendants pour voir une rixe, sans progéniture pour les défendre. Celles-ci sont abandonnées à tous les risques. Parfois, elles trouvent un défenseur parmi les usagers de la voie qui leur porte secours, quand celles-ci sont légèrement malmenées, pour être accompagnées vers la polyclinique du village. Nos trottoirs sont souvent bas, au même niveau que la hauteur de la voie, les automobilistes ne trouvent guère mieux que placer leur véhicule dessus. Ce qui pousse les piétons à emprunter la chaussée et là les chauffeurs râlent. Le partage de l'espace de la rue ne se fait nullement dans un cadre convivial entre les automobilistes et les piétons. D'autant plus pendant le carême, les gens râlent et pour un oui ou non, il y a une rixe qui éclate : aucune personne n'intervient en l'absence de policiers. Tous les passants deviennent des spectateurs quant ils ne se mettent pas du côté de ceux qui poussent à l'agitation. Les bagarres Parfois, c'est le contraire, des foyers de bagarres commencent à se créer à la manière du feu qui se propage d'un endroit à un autre. Puis c'est toute la rue qui s'enflamme : des foyers se créent un peu partout le long de la rue. Les policiers n'arrivent sur les lieux que lorsqu'ils sont mis au courant. La paix ne revient que lorsque le panier à salade a ramassé l'ensemble des personnes qui se sont impliquées dans la bagarre. Le commerce Parfois, pour le simple fait qu'un petit commerçant propose à la vente des galettes, des gens s'attroupent et pour un oui ou un non, une bagarre éclate et ça n'en finit plus. Il faut encore le panier à salade pour les ramasser. La violence devient le seul moyen pour apaiser les esprits surchauffés. Sommes-nous un peuple qui ne connaît que la violence ? Pourquoi donc cette forme de violence. Est-elle due à notre situation d'Algériens où à notre caractère qui ne ressemble à aucun autre. Le respect de la rue Nous sommes souvent méchants les uns envers les autres d'une manière gratuite. Nous n'avons aucun respect de notre environnement. Nous utilisons les trottoirs pour garer nos véhicules sans faire attention aux personnes âgées, aux malades, aux estropiés, aux enfants qui souvent ont peur de traverser la rue. Seul notre intérêt est mis en valeur. Ce qui est encore plus grave, c'est que nous pensons avoir raison et nous nous bagarrons pour cela. Chacun de nous se donne raison même quand il ne l'a pas. Le prophète (QSSSL) a répété à maintes reprises que le "musulman n'a pas le droit d'occuper la rue, même avec des plats de couscous". Il faut en quelque chose savoir partager. Nous devons donc partager la rue pour mieux vivre avec les autres. Le partage de la rue c'est aussi une façon d'accepter l'autre. Le partage Dans tous les pays du monde, les gens savent partager, alors que chez nous, l'égoïsme est seul en vogue. Nous devons apprendre à savoir partager, car le partage est le moyen le plus aimable qui rend les gens amis. Le partage ne crée pas la méchanceté entre les hommes, mais au contraire il forge l'amitié des gens, des peuples. Il chasse la guerre.... Nous pensons que le carême est un moyen qui est souvent mis en avant pour s'autodéfendre des erreurs créées. Le carême est très mal accepté par les gens d'aujourd'hui : ils garent leur véhicule en deuxième position dans la rue et parfois même sur les trottoirs, occupant ainsi la voie sans penser aux autres catégories de personnes souffrantes d'un handicap. J'ai assisté à un jeune qui n'a pu trouver de place pour garer son véhicule, et bien il l'ait placé en seconde position, et il l'a fermé pour aller faire ses emplettes. Le fourgon de la police est arrivé juste après et l'a immobilisé pour de bon jusqu'à ce qu'il paye l'amende. Dans toutes les villes, en général, nous retrouvons souvent un endroit réservé aux voitures pour se garer. Par contre, nous les Algériens, nous n'acceptons pas de lieu de stationnement, mais nous préférons rouler en voiture pour le montrer. Ne trouvons-nous pas là une forme de psychologie ? Nous voulons toujours ressembler à nos prédécesseurs parce que nous avons toujours pensé qu'ils étaient pour nous un exemple. Tous les autres peuples savent partager entre eux, alors que nous, nous avons toujours été égoïstes. Cet égoïsme nous a toujours poussés à être méfiants. Nous avons donc été toujours méfiants. Cet égoïsme provient-il d'une faille psychologique ? Pourquoi, souvent, nous n'acceptons pas le partage ? Nous n'acceptons pas le partage par peur. En effet, nous refusons le partage par terreur, car nous avons peur de l'autre. Nous ne voulons point que l'autre sache ce que nous voulons. Nous nous refugions dans un lieu, dans une coquille analogue au ventre de notre mère, car il nous semble qu'à l'intérieur de ce ventre, nous sommes très bien protégés. En somme, c'est la peur qui nous oblige de ne pas partager. Nous devons donc vaincre cette peur pour pouvoir être libre d'accepter ce partage. Pour vaincre cette peur, nous devons d'abord être soi-même et rechercher les moyens qui peuvent nous servir à chasser la peur qui est en nous. Or, être ensemble à plusieurs est un moyen de pouvoir vivre ensemble, c'est aussi un moyen de partager, de savoir partager. C'est dans le partage que l'être humain se sent le mieux. C'est dans le partage que l'homme peut vivre honnêtement ses meilleurs moments. En somme, il a de la compagnie, et cette compagnie lui fera apprécier la vie. Donc, dans le partage, nous serons heureux et par conséquent, c'est pour cela que nous devons partager la rue pour que les humbles, les plus âgés, les femmes, les enfants puissent aussi bénéficier du bien-être de cet espace. Nous devons donc être polis acceptant de partager l'espace rue pour permettre aux autres, les faibles, les moins forts, ceux qui ont en besoin, de bénéficier de cet espace. L. K. [email protected] Lkherzat, enseignant de linguistique à Khemis-Miliana, ex-inspecteur de l'Education nationale.