Alors qu'il admet ouvertement que l'Algérie traverse une conjoncture économique difficile, le nouveau ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, par mimétisme de ses prédécesseurs ou par optimisme ou suffisance, a assuré, hier, que l'Etat ne renoncera pas aux programmes de développement arrêtés, ni aux acquis sociaux. "En dépit de la conjoncture économique difficile, l'Etat ne renoncera ni aux acquis sociaux ni à la réalisation des programmes de développement ambitieux dans tous les secteurs comme l'habitat et l'éducation", a-t-il affirmé à Béchar, selon des propos repris par l'APS. M. Bedoui, qui s'exprimait à l'occasion de l'installation du nouveau wali, a, dans le même contexte, invité les walis de la République à mettre à profit les "avantages" de la LFC 2015 qui encourage, selon lui, la création de projets d'investissement. On ignore s'il s'agit d'un simple discours de circonstance de la part du ministre ou destiné à rassurer une population confite à la culture de l'assistanat, maintenant que la crise est à nos portes. Il aurait été pourtant plus judicieux de développer le discours de vérité dans la mesure où l'argent viendrait à manquer pour financer tous les projets et maintenir au même rythme la politique sociale et les transferts sociaux. C'est un avis largement partagé par les experts. Même les politiques ne sont pas en reste. "Sans insulter personne, je pense que le moment est venu de dire la vérité au peuple algérien sur la situation économique du pays", affirmait en juillet dernier, avec l'aplomb qu'on lui connaît, Ahmed Ouyahia. Selon Ahmed Ouyahia, la première vérité à dire aux Algériens concerne les revenus du pays. "Nous avons perdu 50% de nos recettes. Dans le même temps, le sens de l'effort et du travail a reculé. La crise risque de durer. Elle est loin d'être conjoncturelle", a-t-il soutenu. Le chef de cabinet de la présidence de la République n'a pas manqué d'ailleurs de faire le parallèle entre la situation et celle ayant précédé l'explosion populaire d'Octobre 1988. "Avant la crise de 86, le premier responsable de l'Exécutif rassurait les Algériens sur la capacité du pays d'affronter la crise et d'anticiper. La suite, on la connaît." C'est parce que les réserves de changes couvrent les besoins du pays pour les quatre ou cinq prochaines années seulement qu'il devient illusoire, à moins d'un recours à un endettement extérieur, de financer l'intégralité des projets inscrits dans le plan quinquennal. Non seulement des projets sont appelés à être abandonnés, mais une révision de la politique des subventions qui profite dans bien des cas à une catégorie de nantis s'impose. "Mener des actions devient une obligation et une urgence", tranche Ouyahia. C'est dire que le discours du ministre de l'Intérieur pèche par quelque populisme dont on a mesuré jusque-là les effets. Même s'il apparaît que le gouvernement, notamment à la veille de la rentrée sociale, redoute quelques décisions déchirantes, au risque d'attenter à une paix sociale fragile, il reste que le discours de vérité sur la situation s'impose pour mieux jeter les jalons d'une nouvelle stratégie économique quand bien même susceptible de bousculer certains... acquis. H.K.