En organisant cette rencontre avec les partenaires syndicaux, la ministre entend ainsi agir en amont sur les facteurs qui pourraient être à l'origine d'une éventuelle grogne syndicale. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, réunit aujourd'hui les différents syndicats du secteur. À quelques jours de la rentrée scolaire qui intervient dans un contexte particulier marqué par la polémique sur l'introduction de langues maternelles dans l'enseignement préscolaire, la ministre de l'Education joue la carte de l'apaisement. En lançant une invitation aux différents partenaires sociaux pour une séance de concertation, la première responsable du secteur de l'Education semble vouloir viser deux objectifs. Le premier est le maintien du dialogue avec les syndicats et le corps enseignant, afin de pouvoir réaliser une rentrée dans les meilleures conditions qui soient. En deuxième lieu, la ministre veut reprendre la main sur le secteur de l'éducation après un été très mouvementé où elle a été, personnellement, au centre d'une violente attaque des islamo-conservateurs. Mme Benghebrit avait annoncé, lors de la conférence nationale sur l'évaluation de la mise en œuvre de l'école, plusieurs nouveautés pour la rentrée scolaire 2015-2016. Parmi ces dernières, la mise en place de la charte d'éthique et de stabilité du système éducatif, qui vise à renforcer l'adhésion des différents groupes qui constituent la communauté éducative. De leur côté, les syndicats accueillent favorablement la rencontre d'aujourd'hui en estimant que Mme Benghebrit a bien tenu sa promesse. Joint hier par téléphone, Nouar Larbi, coordinateur national du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), a fait savoir que la rencontre d'aujourd'hui intervient à la suite d'un accord préalable entre les syndicats et la tutelle. Le syndicaliste a, par ailleurs, souligné qu'il n'a aucune idée sur l'ordre du jour de la rencontre. "Nous ne savons pas de quoi va nous parler la ministre de l'Education demain (aujourd'hui, ndlr)", a-t-il affirmé. Il a exprimé son souhait que cette rencontre se penche sur la prise en charge des revendications soulevées par le syndicat. "Nous espérons que la rencontre porte sur le devenir du PV signé avec la tutelle le 19 mars dernier", a souhaité M. Larbi. "Nous attendons que la ministre de l'Education prenne une décision concernant l'organisation de l'examen professionnel pour la promotion des 45 000 enseignants et professeurs répartis sur les trois paliers", escompte-t-il. Autres points que le syndicaliste souhaite voir sur la table : la promotion des enseignants en voie d'extinction qui ne seront pas comptabilisés avec les 45 000, mais qui auront une promotion automatique ; la question des œuvres sociales ; le dossier de la médecine du travail ; le logement de fonction ; la prise en charge des problèmes qui reviennent à chaque rentrée des classes, à savoir la surcharge des classes et le manque d'encadrement, surtout administratif, et d'adjoints de l'éducation. De son côté, le CLA applaudit l'initiative de la ministre, tout en regrettant que la rencontre d'aujourd'hui ne soit pas une rencontre bilatérale. "La ministre de l'Education a décidé de regrouper tous les syndicats. Je pense que ce n'est pas une bonne façon pour résoudre les problèmes", estime Idir Achour, secrétaire général du CLA. Le syndicat attend que la rencontre d'aujourd'hui apporte des réponses attendues concernant le dossier du statut particulier, l'intégration des contractuels déjà sur poste. "Nous espérons que la rencontre nous apportera des réponses concrètes concernant les recommandations de la conférence nationale au sujet de la réforme scolaire, ainsi que la question de la retraite après 25 ans de service", a-t-il souligné. Pour sa part, Messaoud Amraoui, porte-parole de l'Unpef, suppose que "la rencontre d'aujourd'hui va porter sur les nouveautés de la prochaine rentrée scolaire", tout en émettant le souhait que "les revendications et attentes du syndicat seront à l'ordre du jour", notamment "la révision du statut particulier".