Le prénom masculin Righ fait partie des nouveaux prénoms figurant dans la liste officielle des prénoms berbères. Au Maroc, une liste analogue comporte un prénom féminin, Tinuragh. Ibn Khaldoun fait d'Awrig l'ancêtre des Awrigha, l'une des grandes tribus berbères. Il rapporte les propos d'un généalogiste berbère, Abou Mohammed Ibn Hazm, qui lui donne pour épouse une femme appelée Tiski et pour descendant direct Huwar, l'ancêtre des Huwara. Il cite encore un autre Uragh, descendant de la tribu des Beni Merin. Le même auteur cite encore Ituragh. Tous ces prénoms dérivent du verbe iwrigh qui signifie "jaunir, devenir jaune, prendre une couleur dorée". Awrigh est l'équivalent du kabyle awragh "jaune", Righ en est une forme abrégée. Ituragh se lit yetiwrigh "il devint jaune", quant à Tinuragh, il faut le lire tin-uragh "celle qui est jaune, dorée". Dans la culture algérienne et maghrébine, le jaune est une couleur aux symboles ambigus. Il y a d'abord les symboles négatifs. C'est d'abord la couleur de la maladie, de la faiblesse et de la mort. C'est ainsi qu'il sert de dénomination à une maladie redoutable, la jaunisse. Comme le mot français qui dérive "jaune", son nom berbère sawragh et arabe dialectal busefayer dérivent de cette couleur. C'est sans doute l'association au rouge, symbole de force, qui valorise le jaune. L'or, le métal précieux, auquel la couleur jaune était associée, était autrefois peu répandu dans les campagnes, non seulement parce qu'il était cher, mais aussi parce que sa couleur n'était pas appréciée. On lui préférait les bijoux en argent. Cependant, le jaune est aussi la couleur du métal en fusion, symbole de force, du soleil ardent, symbole de vie et du beurre et du miel, symbole de douceur et de joie. La couleur jaune est aussi celle de la fertilité, parce que c'est la couleur des champs portant les récoltes. Une couleur proche du jaune est l'ocre. C'était autrefois la couleur qui prédominait dans les peintures rupestres de l'Algérie : c'est encore aujourd'hui la couleur favorite du décor des poteries berbères. Cette couleur devait symboliser la vie, voire l'immortalité. On a exhumé des squelettes qui, après désincarnation, ont été peints en ocre. M. A. Haddadou [email protected]