Le jaune est appelé sfar en arabe et awragh en berbère. Le jaune est la couleur du soleil, du beurre et de l?or, et à cause de ces référents qui le portent, il devrait symboliser la force, la douceur et la fortune. Il les symbolise parfois, mais d?une façon générale, cette couleur a mauvaise presse dans les langues algériennes : c?est avant tout la couleur de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Le jaune sert de dénomination à une maladie très redoutée, la jaunisse, bussafayer en arabe et ssawragh en berbère, et il désigne la pâleur du teint et, par extension, la maladie. Dans les deux langues, les mots ont fourni des dérivés signifiant pâlot, maladif : mess?far en arabe et imssiwragh en berbère. Ces deux mots ont également acquis le sens de «jaloux, méchant». Cette valeur négative du jaune se retrouve dans toute la société algérienne où les objets de couleur jaune ne sont pas recherchés. Les vêtements jaunes, comme les vêtements noirs, ne sont guère appréciés, à l?exception de la futa, appelée en Kabylie amendil awragh (foulard jaune), pièce de tissu rayé de rouge et de jaune que les femmes serrent autour de la taille et que les mariées portent avec la traditionnelle robe kabyle. C?est sans doute l?association au rouge, symbole de force, qui valorise le jaune. Signalons que le jaune figure dans les couleurs de certains clubs sportifs algériens, mais cette couleur est souvent atténuée par d?autres, le noir (Chaouias, El-Harrach) symbole de force et de puissance, le rouge (Hussein Dey) symbole de vitalité, le vert (JSK), symbole de jeunesse, de fraîcheur et d?espoir?