La décision du gel des projets d'équipement non lancés, sauf les plans communaux de développement (PCD), a mis les walis dans une situation embarrassante. De nombreuses réunions ont été consacrées ces derniers jours à ce sujet où chaque directeur d'exécutif a établi les listes des projets du secteur dont il a la charge en les classant par ordre de priorité. Selon nos informations, de nombreux chefs d'exécutif ont été contraints de demander plus d'explications au contenu du télex qui ne donne pas assez de précisions et qui parle de "projets" et non d'opération de programme. Car un projet peut être composé de nombreuses opérations qui, elles-mêmes, constituent des projets encadrés par des marchés distincts, nous affirme un directeur de wilaya. Ce cas de figure est beaucoup plus présent dans les secteurs de l'hydraulique ou le secteur des infrastructures de base. "Qu'adviendra-t-il d'une route déjà achevée et qui ne peut être opérationnelle qu'avec la réalisation d'un ouvrage d'art non encore lancé, ou encore le sort d'un château d'eau réalisé qui a besoin d'une conduite d'eau potable dont les travaux non pas été entamés ?", s'interrogent de nombreux responsables. En plus de ces interrogations, de nombreux walis confrontés à des problèmes avec la population avaient lancé des projets sans ordre de service (ODS). Des lycées, des CEM, des routes, des centres de soins, etc. ont été entamés dans plusieurs wilayas sous la pression des citoyens et, parfois, des ministères concernés sans que la procédure liée au marché public aille jusqu'à son terme et s'est s'arrêtée juste à la phase de l'établissement de l'ODS. Mais le fameux télex a obligé de nombreuses entreprises à geler, elles aussi, les travaux par crainte de ne pas voir leurs marchés approuvés par le contrôleur financier. Certains entrepreneurs s'interrogent déjà sur le sort des sommes colossales qu'ils avaient engagées dans ces projets, d'autant plus que les walis, qui leur avaient donné des garanties, ne sont plus en place. Pis encore, ce sont surtout les populations bénéficiaires qui vont se poser le plus de questions sur ces engagements dans la plupart des cas décidés avec les élus et la société civile. Car au-delà de ces problématiques, qui seront certainement débattues aujourd'hui lors de cette réunion gouvernement-walis, ce sont surtout les promesses données par les walis à leurs populations respectives sur les projets dont leurs localités ont pu bénéficier qui va poser problème et susciter des interrogations. En l'absence de communications et de débats sur cette décision qui, pour rappel, n'a pas été officiellement rendue publique, les citoyens, surpris de voir les projets promis non engagés, vont assurément demander des explications à leurs gouvernés. Pour rappel, des milliers de projets d'équipement déjà inscrits dans les différents ministères et wilayas sont officiellement suspendus. Cette décision concerne l'ensemble des programmes, y compris ceux de la santé et de l'éducation, selon un télex en date du 4 août 2015 émanant du ministère des Finances et signé par le directeur général du budget. Cette mesure ne sera pas sans conséquences pour la population et les milliers d'entreprises qui vont être pénalisés par le manque de plans de charge. Et les walis fraîchement nommés vont certainement rencontrer d'énormes problèmes pour gérer le développement de leur wilaya et communes. Cette décision n'a pas non plus épargné les comptes d'affectation spéciale, ou encore les projets de marchés portant sur l'acquisition de véhicules. M. T.