La crise s'installe et les quelques réserves dont dispose l'Algérie fondent comme neige au soleil. Pour y faire face, le gouvernement semble en mal de solutions. Pour ce faire, une nouvelle instruction émanant du directeur général du budget au ministère des Finances ordonne à l'ensemble des directeurs de programmation et de suivi budgétaires, les contrôleurs financiers des ministères et des institutions publiques, ainsi que ceux des wilayas et des communes de prendre acte de la décision de gel de tous les projets d'équipements publics non encore lancés. L'objectif étant de limiter le déficit budgétaire et réduire les importations qu'ils induisent. Le télex, daté du 25 juin 2015, précise ainsi qu'en application des instructions du Premier ministre du 16 juin dernier, il a été décidé du «gel de tout projet non lancé, sauf autorisation expresse du Premier ministre». Laquelle autorisation reste «subordonnée aux priorités annoncées par le gouvernement, ainsi qu'à la maturation totale du projet et une restructuration du programme du secteur pour assurer son financement ». Des instructions entrant en partie dans le plan annoncé par le gouvernement en ce qui concerne la baisse du train de vie de l'Etat et le report de certains projets non essentiels. Cependant et à mesure que la crise s'installe et que les revenus déclinent (l'Algérie a perdu la moitié de ses recettes au cours du premier trimestre), le gouvernement est forcé de se rendre à l'évidence. La décision du gouvernement serait-elle annonciatrice d'une ère d'austérité ? Si le gouvernement préfère pour l'heure parler de rationalisation des dépenses publiques, il est clair que cette décision de gel remet en cause les grands projets qui devaient être lancés dans le cadre du programme quinquennal 2014-2015. Quant aux projets prioritaires, et qui concernent selon la logique gouvernementale des secteurs aussi sensibles que le logement, l'habitat, la santé et l'éducation entre autres, ceux-ci seront tributaires, selon l'exigence de rationalisation, de leur maturation et la restructuration du secteur pour garantir les financements. Autrement dit, les fonds se font rares, et il n'est plus question d'attribuer des ressources nouvelles à un secteur qui cumule des ressources non utilisées. Il était temps, la Cour des comptes a, maintes fois, dénoncé la mobilisation par l'Etat d'importants fonds pour des projets n'aboutissant qu'au bout de retards et de multiples réévaluations. Le creusement du déficit du Trésor force ainsi les pouvoirs publics à agir. Celui-ci a atteint, selon les données du ministère des Finances, plus de 700 milliards de dinars durant les 4 premiers mois de l'année. Tandis que les ressources du Fonds de régulation des recettes baissent drastiquement et risquent même de s'épuiser au bout de deux ans, peut être moins. Cependant et comme à l'accoutumée, le gouvernement opte une nouvelle fois pour une réponse banale et lourde de conséquences à la crise. Celui-ci choisit de couper dans le vif et de réduire drastiquement ses dépenses d'investissements avec tout ce que cela implique comme conséquences sur la croissance économique et sur l'emploi qui déclineront. Il préfère ne pas toucher aux dépenses de fonctionnement. Celles-ci ont même augmenté de 14% durant les quatre premiers mois de l'année, selon les statistiques du ministère des Finances. Il est clair qu'aujourd'hui, certaines dépenses tels les salaires ou les transferts sociaux sont difficilement compressibles, sans une refonte totale des modes de gouvernance. Cependant, un effort reste à faire sur le train de vie de l'Etat et des institutions de la République.