Avec ses 40 années de carrière dans la chanson kabyle, Ouazib Mohand Ameziane apporte son regard sur la musique et la chanson mais aussi sur le rôle de l'artiste dans la société. Une société qu'il doit accompagner dans ses différentes mutations en restant à sa hauteur. Ouazib Mohand Ameziane a fait ses débuts dans les années 1970. Ils étaient, avec Nordine Chennoud et Sid-Ali Naït Kaci, "les jeunes espoirs de la chanson Kabyle" pour rappeler ainsi le titre d'un article publié en 1976 dans Algérie-Actualité évoquant les premiers pas de ces talentueux artistes. Pour Ouazib, l'artiste n'a pas encore sa place dans notre société, souvent marginalisé malgré sa noble mission et ses cogitations qui épuisent ses forces. "Un chanteur c'est avant tout une éducation. Il doit être un exemple de sagesse. Chanter juste pour chanter n'est pas vraiment la réelle mission de cet art. La chanson doit être vectrice d'une intelligence et d'un engagement. L'artiste est quelques fois appelé à dépasser les frontières de son environnement et aller au-delà de l'objet pour nourrir son imagination et celle de son peuple qu'il doit aimer. Sur le plan musical, on doit s'aligner musicalement avec le monde", relève Ouazib Mohand Ameziane tout en regrettant qu'avec tout son parcours, 40 années de chanson, il soit encore écarté des grands évènements. "Je suis réduit à un statut d'amateur et appelé à faire des galas de formalité, mais jamais des spectacles avec le sens propre du mot. Les différentes directions de la culture ne m'ont jamais donné l'occasion de monter sur scène avec un orchestre complet et d'offrir à mes nombreux fans un spectacle à la hauteur de ma volonté. Je me demande d'ailleurs pourquoi cette distinction entre les artistes. À qui profite cette marginalisation", regrette-t-il, tout en rappelant que sa marginalisation des nombreux évènements organisés à travers le territoire national date depuis quelque temps déjà. Parmi les déboires de l'artiste, il indiquera, à titre d'exemple, qu'il n'a pas reçu, à ce jour, ses indemnités, avec ses musiciens, pour un gala donné à Tamanrasset en 2011 : "On a été invités à un gala en 2011 à Tazgout, distante de 700 km du chef-lieu de Tamanrasset, pour un gala avec 11 musiciens, et à ce jour on n'a pas reçu nos indemnités. Je trouve cela scandaleux", déplore Ouazib. "Je ne suis pas en train de me lamenter. C'est juste une manière de vous dire que l'artiste chez nous ne vit pas de son art. Il y a des moments où c'est juste cette envie d'être en face de ses fans, de partager avec eux une passion qui nous donne le courage de monter sur scène. Pour mes fans, j'ai accepté certaines situations et je ne regrette rien", dira-t-il. Et c'est avec la même passion pour son art que Ouazib Mohand Ameziane annonce un nouvel album de 13 chansons, au bonheur de ses fans, prévu fin 2015 ou début 2016. Il nous a également confié qu'il fera prochainement ses premiers pas au cinéma, en participant à un film historique intitulé Nous n'étions pas des héros. En fait, la comédie est une autre passion chez Ouazib Mohand Ameziane, lui qui a côtoyé, durant les années 1970, de grands noms du théâtre radiophonique à la Radio nationale Chaine II, notamment Nouara, Anissa, Djamila, M'heni, Arezki Nabti, Bouraba, Mohand Ouidhir, Mohamed Abdoune... K. T