Faisant face en rangs dispersés à cette crise migratoire, l'Union européenne se voit contrainte de faire bloc, comme le soulignait hier à Athènes le numéro deux de la Commission européenne, Frans Timmermans, en estimant que l'Europe doit agir "ensemble et unie" si elle veut faire face avec succès à cette crise. "Nous vivons un moment de vérité dans l'histoire européenne. Nous pouvons réussir, ensemble et unis, ou nous pouvons échouer chacun à sa propre façon, dans son propre pays, ou sur ses propres îles", a-t-il affirmé, dans une conférence de presse sur l'île de Kos, en mer Egée orientale, une des plaques tournantes des flux d'exilés. "Une Europe sans frontières ne peut pas survivre (....) mais l'Europe ne peut pas non plus survivre si nous cédons sur nos valeurs et nos obligations légales envers les réfugiés des conflits et crises du Moyen-Orient et d'Afrique", a-t-il relevé. "Si nous oublions cela, nous oublions qui nous sommes et laissons l'Europe aux xénophobes et extrémistes, qui vont la détruire", a mis en garde le vice-président de la Commission, alors que les Européens sont divisés entre partisans de plus d'ouverture et chantres d'un verrouillage accru des frontières. Lui emboîtant le pas, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a appelé hier les Européens à cesser les "récriminations" et à coopérer pour répondre à la crise migratoire qui divise profondément les dirigeants de l'Union européenne. "L'Europe n'a pas le droit de se diviser face à un tel défi", a lancé le ministre en arrivant à une réunion avec ses homologues à Luxembourg. "Les récriminations ne vont pas aider à ce que le problème devienne contrôlable", a-t-il souligné. Ceci étant, il ne fait aucun doute que la photo du jeune petit garçon syrien noyé sur une plage turque, qui a été enterré hier avec son frère et sa mère à Kobané, a eu de l'effet sur de nombreux dirigeants occidentaux, à l'image du Premier ministre britannique, David Cameron, qui a annoncé hier à Lisbonne que le Royaume-Uni est prêt à "en faire davantage" pour surmonter la crise des migrants en Europe et à accueillir "des milliers de réfugiés syriens supplémentaires". "Face à l'ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd'hui que nous en ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires", a-t-il affirmé devant la presse. De son côté, le Premier ministre français, Manuel Valls, a affirmé hier que la mise en place aux frontières de l'Europe de "hot spots", des centres d'accueil pour migrants et réfugiés, est une "condition préalable" à la répartition obligatoire d'au moins 200 000 migrants demandée par les Nations unies. Défendus par la France, ces "hot spots" sont des centres d'accueil, de recensement et de tri des migrants, conçus notamment pour identifier les personnes susceptibles d'obtenir l'asile en Europe. Le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a appelé de son côté, hier à la répartition d'au moins 200 000 demandeurs d'asile dans l'Union européenne et a estimé que tous les membres de l'UE devaient avoir l'obligation de participer à ce programme. M T./Agences