La question est de savoir si les capacités nationales qui évoluent à un rythme de livraison de 200 000 logements/an ne relèvent pas de l'utopie eu égard aux insuffisances de l'outil local et des limites de l'environnement de l'entreprise. Le ministre de l'habitat M. Hamimid croit dur comme fer que le programme de 1 million de logements, décidé par le premier magistrat du pays, sera réalisé durant l'échéance impartie, à savoir 2004-2009. Il puise ses arguments des assiettes foncières dégagées d'ores et déjà par les communes. Celles-ci offrent quelque 94 000 hectares (ha) de terrains urbanisables à travers tout le territoire national. Cette offre permettra, estime M. Hamimid, le démarrage en réalisation de 2 820 000 logements si l'on tient compte d'une densité brute de 30 logements/ha. Les estimations des besoins pour la période 2004-2009, recensés auprès des wilayas sont, soulignera-t-il, de l'ordre de 1 089 000 logements. Ce sont les 15 wilayas des Hauts-Plateaux qui proposent plus d'espace, soit l'équivalent de 380 m2/habitant. Cette région va sans nul doute se tailler la part du lion du programme. Vient en second plan le sud, dont les 10 wilayas ont sélectionné des terrains à raison de 110 m2/habitant. Les statistiques avancées par le ministre indiquent que 385 000 logements sont en cours de réalisation. Le gouvernement a retenu, ajoutera le premier responsable du département de l'habitat, un programme additionnel de 690 000 unités. Ainsi, ces deux programmes portent les prévisions de la tutelle à 1 075 000 logements de 2004 à 2009, qui sera financé sur le prochain quinquennat. 1 075 000 logements à réaliser entre 2004 et 2009 Pour cela, le ministère doit être doté d'une enveloppe financière globale de 555 milliards de dinars, soit un besoin de crédit budgétaire annuel de 111 milliards de dinars. Une chose est certaine, avouera M. ÒHamimid, le gouvernement s'est engagé pour un financement intégral de ce plan quinquennal. Le ministre affirme que le bilan de l'année 2004 est positif. Les efforts consentis sont répartis entre la réhabilitation des habitations endommagées par le séisme du 21 mai 2003 et la construction de nouvelles cités. “L'encadrement et les moyens nécessaires sont mobilisés pour livrer 200 000 logements/an”, promet-il. Mieux, un important intérêt est accordé à l'habitat rural pour lequel une tranche supplémentaire de 275 000 unités a été ajoutée. Cette décision a pour objectif le retour des populations et se veut un complément du plan de développement rural que met en œuvre le département de M. Benaïssa. Il faut noter que près de 55 000 logements finis ne sont pas livrés à ce jour. Le retard est essentiellement dû, selon le ministre, au transfert des prérogatives d'attribution des commissions communales vers celles des daïras. Les échéances qui attendent la tutelle interpellent de ce fait les cadres, tous démembrements confondus, notamment ceux des Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI). Une réunion a été d'ailleurs tenue hier pour évaluer le bilan de l'année écoulée. L'occasion a été offerte au ministre afin d'instruire les DG des OPGI pour accélérer la préparation des dossiers techniques, le lancement des avis d'appels d'offres et le choix des entreprises de réalisation. C'est à ces responsables que revient la tâche d'établir les cahiers des charges pour la sélection des bureaux d'études ou ceux destinés au lancement des avis d'appels d'offres en vue de la concrétisation des programmes d'habitat retenus durant l'année 2005. La responsabilité des OPGI quant au bon fonctionnement des procédures et à l'exécution conforme aux règlements en vigueur est à ce propos indiquée. M. Hamimid a mis l'accent sur la présence “continue et ininterrompue” sur les chantiers des cadres techniques des bureaux d'études chargés du suivi. Les DG des OPGI doivent, selon lui, veiller au respect du planning élaboré par les entreprises et au recours, le cas échéant, à la publication d'avis de mises en demeure. Le système de travail de 3x8 sur les chantiers doit être appliqué, exigera le ministre, d'une manière scrupuleuse. Un aspect, et non des moindres, a été également abordé lors de cette rencontre. Il s'agit, comme l'a signalé M. Hamimid, de garantir “la qualité et la conformité des travaux par rapport aux normes techniques requises”. D'un ton menaçant, il conclura : “toute défaillance à cet égard ne doit plus être tolérée.” REPÈRES - Plus de 95 844 logements ont été lancés en 2004, dont 38 000 logements sociaux locatifs, 14 000 LSP (logements sociaux participatifs) et 40 000 unités d'habitat rural. La réception a concerné, en outre, quelque 80 800 logements en 2004. Or, seulement 39 000 ont été livrés. - En 2003, il n'a été lancé que 67 000 unités. Durant cette année-là, 74 000 logements ont été réceptionnés. - La consommation financière est estimée à 86 milliards de dinars en 2004 contre 84 milliards de dinars en 2003 et 56 milliards de dinars en 2002. - Le taux de recouvrement des loyers est estimé par le ministre à 35%. - Les locataires, dont les capacités de paiement du loyer sont avérées suffisantes et qui persistent dans leur refus de s'acquitter de leurs mensualités seront, selon le ministre, poursuivis en justice. - La tutelle encourage les OPGI à prendre des initiatives concrètes pour la réalisation de programmes de logements promotionnels ou de logements en location-vente en accord avec les banques. Pour cela, les frais de viabilisation, la bonification des taux d'intérêt sont pris en charge par l'Etat. À cela il faut ajouter un abattement jusqu'à 80% de la cession des terrains. - Tizi Ouzou est classée parmi les wilayas qui accusent un retard flagrant dans la réalisation des programmes avec 496 logements déjà en 2001, soit un taux de livraison de 42%. - Les wilayas du sud sont, selon les statistiques officielles, les plus performantes avec des taux de livraison qui dépassent souvent les 100%, notamment Illizi, Djelfa, Tindouf… B. K.