Mettant fin aux insistantes supputations quant à une éventuelle révision des prix des logements qui seraient bousculés par la brutale flambée des cours du rond à béton, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Mohamed-Nadir Hamimid, rappellera : “Les prix sont fermes et prévus contractuellement. Nul n'a le pouvoir de déroger à ces engagements.” Au cours de débats tenus hier au forum d'El Moudjahid, il a exclu toute influence des fluctuations gagnant ces derniers temps certains matériaux de construction sur la structure des prix des logements mis sur chantiers. Comprendre donc par là que les bénéficiaires inscrits sur les programmes engagés, suivant la formule AADL, n'auront pas à s'inquiéter sur cet aspect-là. Mieux encore, du bilan général, fortement détaillé, et de la vision stratégique qu'il a exposés dans le cadre de la relance du secteur de l'habitat, le ministre fera ressortir du lot la formule location-vente qu'il qualifiera de “succès”. Il confirmera, à ce titre, la réception des premiers logements AADL pour fin mars prochain, tel que précédemment annoncé par le directeur général de cette institution. Il s'agit là de délais de performance, dont certaines entreprises engagées sur ces chantiers veulent en faire un point d'honneur, alors même que les contrats auxquels elles ont adhéré conformément au cahier des charges leur donnent le temps jusqu'à novembre prochain. Dans le détail, 20 000 et 35 000 logements sont prévus respectivement au titre des programmes 2002 et 2003 avec le concours du Trésor public et une contribution des bénéficiaires. La CNEP, dira M. Hamimid, entrera en scène pour prendre le relais et se substituer au Trésor pour un programme de 65 000 logements. Mais, nous a-t-il précisé, “la location-vente sera renforcée, et l'AADL maintiendra sa mission”. Interrogé sur un éventuel conflit de compétences, voire de prérogatives AADL-CNEP et le risque de “bureaucratiser” l'accès au logement avec l'association de l'établissement financier, il répondra : “Cette formule est encadrée par le ministère et nous avons défini certains préalables pour la bonne poursuite de ce mécanisme.” Plus loin, il indiquera que “rien ne changera” dans cette philosophie de la location-vente en rappelant la contribution de l'Etat dans la bonification des taux d'intérêt, remaniés à 1% et 2% pour les F3 et F4. Plus explicite, M. Hamimid situera la participation de l'Etat sur cet aspect AADL-CNEP à travers la prise en charge des VRD, les travaux de viabilisation et l'abattement de 80% sur les assiettes foncières. Une somme d'intervention obéissant au souci d'équilibrer les prix et d'anéantir les surcoûts pour contenir un prix du logement raisonnable d'autant que la location-vente cible les cadres moyens dont les revenus ne dépassent pas les 40 000 DA. Dans son intervention, le ministre de l'Habitat exposera la vision des pouvoirs publics pour tenter de contenir la pression sur les logements et parvenir à résorber la crise. Sur plusieurs fronts, voire chantiers, les pouvoirs publics, souligne-t-il, essayent de traiter cette “problématique” par la mise en place de mécanismes différents censés être inspirés par les revenus et l'“état” social de chaque catégorie de citoyen. Ainsi, l'option du logement social locatif sera maintenue, dit-il, mais appuyée par d'autres alternatives telles que le développement des logements socioparticipatifs bâtis autour de l'apport CNL, la contribution de l'acquéreur et le concours bancaire. À cela s'ajoutent les mécanismes d'incitation à l'autoconstruction et les logements promotionnels. Il dira que le Fonds national de développement des œuvres sociales, fruit d'une convention UGTA et gouvernement, permettra d'absorber une demande émanant des travailleurs. Le fonds des œuvres sociales dispose de 12 milliards de DA et devra permettre de réaliser une première tranche de 11 500 logements suivant un montage financier triangulaire, où interviennent l'acquéreur et la CNL. Cette nouveauté, dit-il, entrera en vigueur dans les prochains jours. Ce nouveau fonds est appelé à accorder aux bénéficiaires des crédits sans intérêt sur une durée de 10 ans. A. W. REPÈRES - Au 31/12/2001, le parc national des logements représente 5 400 000 unités, dont 850 000 dépassent 50 ans d'âge. - De 1962 à fin 2001, 3 millions de logements, tous types confondus, ont été réalisés. - Le taux d'occupation découlant s'élève à 5,93 personnes par logement. - 418 000 logements, tel est le déficit à combler, si l'on considère que le taux d'occupation par logement est de 5,5 et ce, sans compter le parc d'habitation précaire. - Le déficit est de 1 000 000 de logements si l'on considère que le taux d'occupation est de 5 personnes. - En 2001, plus de 101 000 logements ont été livrés, dont 48 941 en LSL (logement social locatif). - La même année 137 634 ont été lancés en chantiers. - En 2002 (les 3 premiers trimestres), 96 350 logements sont lancés pour une livraison de 86 200 unités. - Les fonds arabes (FADES) ont permis de financer 27 000 logements. - Avec un rythme de livraison de 100 000 logements par an, le ministre ambitionne de résorber la crise d'ici à 7 à 8 ans avec cependant un taux d'occupation approprié. A. W.