Habituellement peu fréquentable à la mi-journée, la route menant de Tizi Ouzou vers Béni Yenni est “animée” en cette journée ensoleillée de janvier. Une file de voitures montent vers la terre natale de Brahim Izri. À quelques encablures du pont de Takhoukht se dresse le mausolée de cheikh Belkacem, le grand-père spirituel de l'artiste disparu. C'est dans ce lieu de culte enserré d'oliviers que sera enterré le défunt. Midi, la placette est déjà noire de monde. Des jeunes, des vieux mais aussi des femmes. Ils étaient tous au rendez-vous pour accompagner le chanteur engagé à sa dernière demeure. “Brahim une œuvre immortelle” ; cette banderole portée par un groupe de fans résume l'aura du fils des Ath-Lahcène. Parmi la nombreuse foule, on a relevé la présence de Saïd Sadi et Nouredine Aït Hamouda du RCD, Mustapha Bouhadef du FFS, Arezki About de l'UDR, Bélaïd Abrika et ses compagnons, Malika et Aldjia Matoub. De nombreux chanteurs tels que Djamel Allem, Ali Ideflawen, Ouazib, Rabah Ouferhat étaient également présents. “C'est un grand militant de la cause berbère qui nous quitte. Son parcours a été un engagement pour les causes justes. Il a accompagné le mouvement citoyen dès le départ à travers des prises de position courageuses. Il a chanté en hommage aux martyrs du Printemps noir. Il était parmi les premiers à avoir appelé au boycott de l'Année de l'Algérie en France”, témoigne Rabah Ouferhat. “C'est une grande perte pour la chanson kabyle. Brahim Izri était parmi les premiers à afficher son soutien indéfectible au mouvement citoyen. Tout le monde lui est reconnaissant”, dira de son côté Rabah Issadi, délégué des archs. À 13h, c'est la levée du corps. L'émotion est à son comble. L'affliction se lit sur tous les visages. Brahim devait fêter ses 52 ans le 12 janvier prochain, soit le jour de Yennayer, le Nouvel An berbère. Après la prière du mort, le défunt a été enterré sur fond de versets coraniques psalmodiés accompagnés du bendir comme le veut la tradition dans cette région de Haute-Kabylie. A. T.