Les quelques partis qui ont bien voulu réagir à la fin de mission du général Toufik sont généralement prudents dans leurs commentaires, à l'inverse du RCD pour qui "ce n'est qu'un transfert de prérogatives". Atmane Mazouz, chargé de communication du RCD : : "Un transfert de prérogatives du DRS pour la survie du régime et le contrôle de la rente" "L'annonce de la mise à la retraite du général Toufik est dans l'ordre des choses. À travers les dernières mesures prises en sous-main ou bruyamment au sommet de l'Etat, il était prévisible que ça allait intervenir incessamment. Le RCD a longtemps revendiqué la mise à la retraite d'un personnel vieillissant qui a anesthésié la vie politique du pays et contrarié les espoirs d'alternance démocratique. Ce changement n'a rien d'une opération de démantèlement du DRS. Il s'agit ni plus ni moins que d'un transfert de prérogatives du DRS pour la survie du régime et le contrôle de la rente. Accaparer l'hégémonie d'une officine occulte qui a longtemps mis le pays sous sa botte est une démarche visant à prolonger la confiscation mafieuse de l'Etat. Au RCD, notre position demeure inchangée : qu'elle s'appelle sécurité militaire ou DRS, la police politique doit disparaître du paysage national. Tout le monde sait que l'interventionnisme tentaculaire du DRS neutralise et dégrade tout combat politique juste et noble en Algérie. Cette police politique, véritable levier du détournement de la volonté populaire, qui, pour rappel, a même profité à l'actuel chef de l'Etat dans ses manœuvres et ses œuvres de putschs électoraux, a longtemps asservi la nation et ruiné les espoirs de démocratie dans le pays. Pour les Algériens, la construction démocratique passe par la disqualification de l'actuel régime et que l'accaparement des prérogatives de la police politique par un groupe ou un autre ne peut constituer une alternative dans la quête de justice et de démocratie par le peuple algérien. Pour nous, il est urgent et impératif que le politique et la société soient libérées de la police politique et du pouvoir tribal. Ces luttes séditieuses au sommet mettant en avant la structure du DRS, longtemps véritable armature clandestine du régime, et la volonté de colonisation mafieuse de l'Etat doivent aboutir à la libération des Algériens par l'amorce d'une réelle construction républicaine de l'Etat." Abderrezak Makri, président du MSP : : "C'est une question qui concerne le pouvoir..." "C'est une question (mise à la retraite du général Mohamed Mediene dit Toufik, numéro un du DRS, décidée par Bouteflika) qui concerne le pouvoir politique en place. Elle ne concerne ni de près ni de le loin les partis politiques, encore moins la société. C'est une décision, comme celles l'ayant précédée d'ailleurs, qui entre dans le cadre de la crise qui affecte le pouvoir." Mohamed Hadibi (enNahda) : : Une décision interne au système Le porte-parole du mouvement Ennahda estime que la décision de mise à la retraite du général de corps d'armée, Mohamed Mediene, alias général Toufik, chef des services de renseignement (DRS), entre dans le cadre des "réaménagements internes au système destinés à préparer la succession du président Bouteflika". En réagissant à chaud à cette information, le porte-parole du parti Ennahda a affirmé "ne pas savoir si le général Toufik a démissionné de son plein gré, ou a été démissionné, mais la question pourrait avoir un lien avec la restructuration qu'ont connue l'institution et le démantèlement de certains de ses services". Aussi, il n'écarte pas l'éventualité qu'elle soit suivie d'une élection présidentielle anticipée. Selon lui, la question qui se pose est : "Sert-elle les libertés et la démocratie comme cela avait été demandé par le peuple ?" Hadibi y répond par la négative en arguant que "le peuple a été toujours tenu à l'écart des grandes décisions engageant l'avenir du pays". Soufiane Djilali, président de Jil Jadid : "On peut s'attendre à d'autres changements..." "Le départ du chef du DRS semble s'inscrire dans un vaste mouvement qui touche l'institution militaire. On a vu le départ du général Bousteila, ainsi que celui de plusieurs autres généraux importants du DRS. On peut s'attendre à ce que d'autres changements viennent dans les jours à venir. Je ne sais pas s'il y a un deal pour que le pays évolue vers une solution politique, ou s'il s'agit d'une exacerbation du conflit interne. On le saura dans les prochains jours." "Aucune relation avec la stabilité de l'Etat ou les libertés", conclut-il.