Le projet de sortie de crise au Burkina Faso présenté par la médiation ouest-africaine suscitait hier l'indignation de la société civile et d'une partie de la population, opposées à l'amnistie des putschistes et à la participation de candidats pro-Compaoré aux prochaines élections. Dès dimanche soir, Me Guy-Hervé Kam, le porte-parole du Balai Citoyen, en pointe dans le soulèvement populaire contre Blaise Compaoré en 2014, jugeait "honteux" le projet avancé par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, une réaction qui trouvait un écho dans les rues de la capitale burkinabée. Elaboré à l'issue de trois jours de médiation marathon à Ouagadougou, le projet d'accord sera soumis mardi au feu vert de la Cédéao lors d'un sommet extraordinaire à Abuja. Le texte, articulé en 12 points, propose le maintien des élections législatives et présidentielle au Burkina, au plus tard le 22 novembre - elles étaient initialement prévues le 11 octobre -, mais surtout la participation des candidats pro-Compaoré, invalidés ces derniers mois suite à une loi votée par l'Assemblée intérimaire. C'était la principale revendication des auteurs du coup d'Etat militaire du 17 septembre, menés par le général Gilbert Diendéré. Parmi les autres points figurent la "restauration des institutions de la transition et du président Kafando" et la "libération sans condition de toutes les personnes détenues suite aux événements". Le sort du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l'origine du coup d'Etat, est quant à lui "laissé à l'appréciation du président issu des prochaines élections". Hier matin, des habitants de Ouagadougou qui faisaient la queue pour acheter des unités d'électricité à l'agence principale de la compagnie nationale, la Sonabel, se montraient très critiques et promettaient de nouvelles manifestations. R. I./Agences