Pour le moment, les véhicules Volkswagen importés par le groupe Sovac ont été tous tropicalisés avant leur homologation et sont adaptés aux pays chauds et aux normes du gasoil que commercialise l'Algérie. La grande tricherie à l'origine de l'affaire Volkswagen sera-t-elle sans impact sur l'Algérie ? La question mérite d'être posée dès lors que le constructeur allemand, Volkswagen (la voiture du peuple), a formellement été accusé d'avoir truqué les tests anti-pollution effectués sur ses voitures diesel. La longue liste de véhicules — près d'une vingtaine — touchée par ce scandale et rendue publique jeudi soir, inquiète les clients aux quatre coins de la planète. Y compris sur notre marché. Pour cause, certains de ces modèles ont été importés en Algérie par le représentant officiel du constructeur allemand, en l'occurrence le groupe Sovac et des concessionnaires multimarques. Qu'en est-il justement ? Il faut savoir que les véhicules importés en Algérie subissent des homologations basées sur l'étude d'un prototype et d'une fiche technique détaillée et envoyée par le constructeur. À défaut d'avoir un véritable laboratoire pour homologuer les voitures au niveau du port, les services des mines se basent sur de simples documents et d'un prototype qu'ils contrôlent. Du coup, on est loin du souci que se font les autres Etats en termes de lutte contre la pollution, et ce, même si le nouveau cahier des charges y fait référence. Car, à aucun moment, les services des mines n'ont établi aux concessionnaires des normes d'émission limites de CO2 anti-pollution à ne pas dépasser. Devenue depuis 2007 un véritable dépotoir à ciel ouvert, l'Algérie a importé des véhicules qui ne circulent même pas sous d'autres cieux. Résultat : les voitures diesel importées par Sovac et tous les autres concessionnaires sont tous tropicalisés pour seulement s'adapter aux normes du gasoil commercialisé en Algérie. En d'autres termes, même si les émissions de CO2 sont là, ces véhicules subissent de profondes transformations à même d'être adaptés aux pays chauds et de résister à la mauvaise qualité du carburant. Les concessionnaires algériens savaient, mais... On s'en souvient, durant les années 2006 à 2010, les concessionnaires automobiles ont eu de graves soucis avec les clients à cause des défaillances induises par le gasoil. Aujourd'hui, les systèmes mécaniques et mécatroniques sont révisés avant qu'ils ne soient homologués aux normes Euro-3, Euro-4 et Euro-5. Seule la norme Euro-6 n'est pas importée en Algérie à cause des exigences inhérentes à la qualité du gasoil que commercialise l'Algérie. Du coup, les constructeurs modifient le système d'injection et les parties plastiques (durites, flexibles, joints Spi...etc.), au même titre que certains équipements non résistants aux grandes chaleurs pour éviter de graves pannes et des défaillances mécaniques et mécatroniques. Mais si le scandale venait à éclater en Algérie, ce qui n'est pas le cas pour le moment à cause d'un fait saillant, à savoir que le gasoil algérien est pollué, nombreux sont les concessionnaires qui baisseront rideau. À ce propos, le nouveau cahier des charges, régissant l'activité des concessionnaires et la vente des véhicules neufs, exige de nouvelles normes anti-pollution pour toutes les marques homologuées et mises en circulation sur le territoire algérien. Aujourd'hui, la question est de savoir si Volkswagen-Gate touchera l'Algérie, d'autant que les Allemands craignent un rappel mondial massif (près de 11 millions de véhicules. Peu probable. Pour rappel, Volkswagen avait équipé ses véhicules d'un logiciel sophistiqué capable de détecter automatiquement les tests et de réduire les émissions réelles dégagées. Très vite, l'affaire prendra une ampleur mondiale et d'autres constructeurs risquent de subir le même sort, conformément au cahier des charges propre à chaque pays. Volkswagen-Gate est le résultat d'une étude publiée par l'université de Virginie occidentale. Celle-ci avait mis en lumière les taux d'émissions réels et exagérés d'oxyde d'azote par les voitures allemandes, et ce, sur la base de 3 voitures testées dans différentes conditions de circulation, à savoir une BMW et 2 modèles de la marque Volkswagen (une Jetta et une Passat). Celles-ci dégageaient des émissions en oxyde d'azote dépassant les normes américaines, c'est-à-dire 15 à 35 fois plus pour le premier modèle testé et de 5 à 20 fois plus pour le second ! L'heure est grave, d'autant que Volkswagen a vendu 11 millions d'unités avec un système antipollution faussé. Jeudi soir, Martin Winterkorn, le puissant patron de Volkswagen, a officiellement remis sa démission au Conseil de surveillance du groupe, et ce, à 4 jours seulement de la clôture du Salon automobile de Frankfurt 2015. Hier, le patron de Porsche, Matthias Müller, a été désigné et installé à la tête du groupe Volkswagen pour tenter de sauver la marque. Entre-temps, des dizaines d'enquêtes ont été lancées dans le monde, alors que d'autres Etats demandent des explications. F. B.