Elle travaillait en qualité de secrétaire de direction dans une entreprise mixte basée à Alger. Y. B. est une jeune fille de 24 ans, victime de harcèlement sexuel dans son lieu de travail. Elle a réagi à l'agression, intervenue en septembre dernier, en déposant une plainte contre son harceleur et en témoignant de l'horreur qu'elle a vécue. Bien qu'accompagnée de l'une de ses camarades, Y. B. a eu, dans un premier temps, des difficultés à s'exprimer. Mais sa langue s'est déliée au fil de la discussion. Travaillant en sa qualité de secrétaire de direction dans une société mixte basée à Alger, Y. B. a vu ses problèmes commencer lorsque son patron, un ressortissant d'un pays arabe, recrute son ami au sein de l'entreprise où elle travaille. C'était le 27 septembre 2004. Y. B. se rappelle du moindre détail des évènements ayant marqués cette date. “Cet ami du directeur a été placé au début au poste des ressources humaines. Après sa mainmise sur toute la boîte, il commence à donner des instructions à tout le monde. Pour faire une simple photocopie, il faut lui demander la permission. Il faut tout lui soumettre. Et rien ne doit lui échapper”, raconte-t-elle. Le jour en question, en souriant à un collègue ressortissant de ce même pays arabe, Y. B. a été en effet surprise de la réaction de l'ami de son patron qui lui lance : “Arrête de déconner avec tout le monde !” Et à elle de répliquer : “mais dis-moi ce que j'ai fait ?” “Arrête de commettre des fautes !” lui dit-il avant qu'elle ne repose la même question : “Quelles fautes ?” “Il m'a dit alors tu prends tes cliques et tes claques et tu fous le camp !” Bien qu'étonnée de la teneur des propos de “l'ami” du directeur, Y. B. s'exécute et commence à ramasser ses affaires. Son harceleur revient à la charge : “reste là ! Ne bouge pas d'ici !” En faisant le geste d'appeler au téléphone son père pour qu'il vienne la chercher, l'ami du directeur l'interroge de nouveau : “Tu appelles qui ?” En refusant de répondre, Y .B. a vu son harceleur réagir en lançant le téléphone contre le bureau et en le cassant. “Mais qu'est-ce que tu veux de moi ?” l'interroge-t-elle encore. En réaction à sa question, “il m'a giflée de façon violente, avec toutes ses forces”, dit-elle. Cet incident a provoqué tant de bruit de telle sorte que le directeur est sorti de son bureau. Venu s'enquérir de la situation, le directeur a demandé des explications : “je lui ai de suite dit que si ton ami se comporte de la sorte avec moi, c'est uniquement parce que j'ai refusé de coucher avec lui”, explique Y. B. “Le directeur m'a conduite par la suite dans son bureau pour m'écouter, mais il n'a pas voulu me croire. il m'a dit que son ami a voulu seulement me draguer et que s'il n'y avait pas sa femme avec lui, même lui aurait aussi fait la même chose avec moi.” Déçue de n'avoir pas été crue, Y. B. a décidé de déposer une plainte. “J'ai présenté des témoins qui ont reconnu le harcèlement, mais au niveau des services de la police, on n'a pas non plus pris au sérieux mon problème”, regrette-t-elle. N. M.