La filière souffre également d'une baisse vertigineuse des quantités de lait cru collectées à cause de nombreux problèmes soulevés par les opérateurs. Le président de la Fédération algérienne de l'agroalimentaire, Abdelwahab Ziani, estime que les activités de transformation des produits agricoles vivent actuellement une période de régression sévère rendant insignifiantes les performances réalisées par la production agricole. D'où le recours systématique à l'importation de matières premières entrant dans la production industrielle. Dénonçant les importations de produits agricoles transformés, M. Ziani cite le cas du triple concentré de tomate "dont l'Algérie occupait la première place parmi les pays producteurs au monde". Les producteurs ont cherché la solution la plus facile, à savoir importer ce produit en grandes quantités au lieu de le produire localement. Le même constat est établi pour la poudre de lait, une matière première qui classe l'Algérie deuxième importateur au monde. Pourrions-nous assécher le lait cru produit en Algérie pour en faire une poudre ? Impossible pour le moment, semble dire Abdelwahab Ziani sur les ondes de la radio Chaîne III. Il en veut pour preuve la baisse de la production nationale de 400 à 300 millions de litres. La filière souffre également d'une baisse vertigineuse des quantités de lait cru collectées à cause de nombreux problèmes soulevés par les opérateurs. L'invité de la Chaîne III évoque, dans ce sens, une mauvaise répartition des subventions. Il cite l'exemple de l'Office nationale interprofessionnel du lait (Onil), une entreprise chargée initialement de développer la production laitière mais qui a fini par se transformer en "revendeuse de poudre de lait". La chute des prix pratiqués sur le marché international de 6 000 à 3 000 dollars la tonne a constitué aussi un autre paramètre qui a encouragé les opérateurs à recourir à l'importation de la poudre de lait. Et les quotas distribués n'ont fait que "fainéantiser" davantage les unités de transformation. Or, il serait plus raisonnable de renforcer la production nationale de lait de vache car, à tout moment, les cours peuvent augmenter à 7 000 dollars, voire plus à l'international. Ce qui va à l'encontre de la politique économique prônée par le gouvernement dont l'une des principales mesures est la réduction des dépenses en devises. M. Ziani remet en cause la structuration de la filière lait et la désorganisation qui la caractérise et propose la création de coopératives de lait. La collecte totale se fait vers celles-ci qui gèreront cette activité et, entre autres, approvisionneront les laiteries. Cet état de fait a impacté de manière frontale les entreprises qui, selon M. Ziani, sont en "mode de survie". Leurs productions subissent de plein fouet la concurrence des produits importés. Une telle situation a poussé les pouvoirs publics à lancer la campagne nationale "consommons algérien" afin de sauver ces sociétés d'une mort certaine. In fine, M. Ziani avoue qu'il est impératif de promouvoir la production nationale et de faire émerger une véritable industrie de transformation agroalimentaire en protégeant l'outil de travail local au lieu de faciliter les importations de produits fabriqués par le pays tels que le concentré de tomate, la confiture, les chips et les figues sèches de Turquie... Mieux, il exhorte les importateurs à abandonner ce créneau pour lancer leurs propres projets d'investissements et produire en Algérie. B. K.