La forte présence policière n'a pas dissuadé les militants du RAJ, des représentants de la Laddh et de l'association SOS Familles des disparus et un représentant du parti Jil Djadid de tenir un rassemblement sur la placette face au TNA. Comme chaque année, depuis la création de l'association en 1993, le Rassemblement action jeunesse (RAJ) a tenu un rassemblement, hier à Alger, pour célébrer à sa manière le 27e anniversaire des événements sanglants du 5 Octobre 1988. L'action du RAJ a, néanmoins, drainé plus de policiers, en uniforme ou en civil, que de citoyens. Arrivés vers midi, les militants du RAJ, épaulés par des représentants d'autres associations des droits de l'Homme dont la Laddh et le mouvement SOS familles des disparus, ainsi qu'un représentant d'un seul parti politique, en l'occurrence Jil Djadid, ont convergé vers la placette sise en face du Théâtre national algérien (TNA), où ils ont organisé une prise de parole et délivré des messages hostiles au pouvoir. "Non à l'oubli", "Pour une Algérie libre et démocratique", "Liberté, justice sociale et démocratie" sont les slogans phares scandés à tue-tête par les militants devant le regard indifférent, sinon interrogatif des passants. À quelques pas de la manifestation "contre l'oubli des événements tragiques de 1988", les légendaires cambistes de devises et les vendeurs à la sauvette d'objets hétéroclites étaient plutôt occupés par leurs transactions visiblement juteuses. Outre les slogans et les discours, les militants du RAJ ont également brandi plusieurs banderoles sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, "5 Octobre ; journée nationale pour la démocratie", "Pour le respect des libertés démocratiques", ou encore : "Non à la loi 12/06", allusion à la loi sur les associations promulguée par le gouvernement en 2012. Pour le RAJ, cette loi serait conçue pour "étouffer et asphyxier" la vie politique et associative. Dans son discours, le président du RAJ, Mohamed Kadi, n'a pas mâché ses mots pour dénoncer le despotisme imposé par le pouvoir actuel, regrettant que "les ingrédients d'un octobre 1988 bis sont malheureusement tous réunis aujourd'hui". Le chef de file du RAJ n'a pas omis de rappeler que "27 ans après les événements d'Octobre 1988, qui ont donné lieu à l'ouverture d'une brèche mais vite refermée par le pouvoir, le peuple vit toujours les mêmes problèmes politiques et sociaux". Si M. Kadi est plutôt partisan d'un "changement pacifique" dont l'appel est lancé à cette occasion, y compris aux tenants du pouvoir, il n'en demeure pas moins sceptique pour juger que "jamais l'unité nationale et la cohésion sociale n'ont été aussi menacées qu'aujourd'hui". Il en veut pour preuve, entre autres, la crise profonde qui secoue la région du M'zab (Ghardaïa), depuis quelques années, et devant laquelle, regrette-t-il, "le pouvoir a brillé par son... échec". Le représentant de Jil Jadid, Lakhdar Amokrane, secrétaire national chargé des relations avec les syndicats et les associations, estime que la célébration du 5 Octobre est même "un devoir de mémoire". La halte pacifique du RAJ s'est poursuivie pendant quelques dizaines de minutes avant que les militants ne se dispersent dans le calme. F .A.