Confrontée à un double choc — la baisse de sa production et le brusque retournement des cours du pétrole, avec un amenuisement de ses ressources externes – Sonatrach pourra-t-elle objectivement maintenir son rythme d'investissements en amont, en aval, de distribution et de raffinage ? Le cinquantième anniversaire de la création de Sonatrach, qui correspond à celui de la nationalisation des hydrocarbures quelques années après, auront constitué dès 2013 deux faits majeurs dans l'histoire récente de l'évolution du secteur énergétique algérien. Ces deux événements ont donné lieu à des débats riches, souvent contradictoires, mais certainement fructueux, entre les spécialistes, les anciens et les actuels responsables de l'énergie, autour de l'état des lieux actuel du secteur, de la problématique de sa gouvernance, ainsi que des perspectives stratégiques de son développement à moyen et long terme. Cette année, ces débats ont été confirmés par deux rencontres. Celle des cadres des sonatrach à Hassi Messaoud suivie par les 10e journées scientifiques et technique d'Oran. À cette occasion, Mazouzi Amine, PDG du groupe pétrolier algérien, a affirmé que "les investissements seront maintenus sur l'ensemble de la chaîne d'activité de Sonatrach, que ce soit l'amont, l'aval ou encore le transport par canalisation, en donnant la priorité aux projets les plus rentables et à la réduction des coûts. Un équilibre difficile à réaliser dans le contexte actuel, d'autant que les investissements nécessaires à la poursuite du développement du secteur seront de plus en plus conséquents". En vérité, cette "ébullition" exprime à la fois une panique des autorités algériennes face à la baisse de la production, celle de nos exportations, ainsi que la contraction de nos recettes extérieures et leurs conséquences surs nos équilibres financiers. Comme elle exprime les appréhensions quant aux hésitations des investisseurs étrangers à privilégier la destination Algérie. Le ministre de l'Energie de l'époque, animé par d'autres préoccupations, avait affirmé devant les parlementaires qu'à "l'horizon 2030, notre consommation en produits énergétiques se chiffrera entre 80 et 85 milliards de dollars par an. Si nos ressources conventionnelles venaient à se tarir et si nous décidons de ne pas exploiter les hydrocarbures non conventionnels, comment pourrions-nous régler cette facture sans un niveau acceptable d'exportations d'hydrocarbures". À travers ces propos avancés lors de la présentation du projet d'amendement de la loi sur les hydrocarbures, les axes principaux de la stratégie énergétique à moyen et long termes apparaissent clairement. Il s'agit pour les pouvoirs publics d'attirer les investissements des compagnies pétrolières étrangères dans les domaines de la recherche et de l'exploration de nouveaux gisements en énergies non conventionnelles (notamment le gaz de schiste) et renouvelables, en vue d'anticiper les bouleversements qui agitent le secteur mondial de l'énergie, en opérant la transition énergétique dans les meilleures conditions. La tendance baissière des cours du pétrole avait déjà fait dire à Youssef Yousfi, lors du 1er forum international sur l'énergie, Algeria Future Energy Conference du 4 au 6 novembre 2012, sous le thème "Libérer le potentiel énergétique de l'Algérie" que "l'Algérie ne va pas être spectatrice des bouleversements qui sont en cours sur la scène énergétique internationale, elle a l'ambition de continuer à jouer ce rôle positif et constructif sur la scène énergétique et gazière dans le monde". Il est clair que les responsables du secteur de l'énergie adoptent une stratégie de communication qui vise à rassurer les partenaires extérieurs et l'opinion nationale. Ils estiment que l'Algérie a été le pionnier du développement du GNL depuis 50 ans, pourquoi hésitera-t-elle à se lancer dans l'aventure de l'exploitation du gaz de schiste ? À quel coût et avec quelles conséquences sur nos ressources en eau, sachant que nous sommes un pays à stress hydrique. Au lieu d'opter pour la rente éternelle en se libérant de la camisole du pétrole, les pouvoirs publics seraient bien avisés de s'orienter vers la croissance économique hors hydrocarbures qui génère du travail et crée de la richesse. Rien ne l'empêche cependant de s'orienter résolument vers les énergies renouvelables à fort potentiel de dynamisation du secteur industriel. C'est là un autre débat. A. H.