Il est anormal qu'une découverte faite en 2006 ne soit pas arrivée au stade de l'exploitation en 2015. Ces retards dans la mise en service des nouveaux gisements entraînent des surcoûts. Dans un contexte de crise, marqué par un tarissement des ressources, le groupe Sonatrach annonce le lancement d'initiatives visant la réduction des coûts. Selon le PDG de Sonatrach, Amine Mazouzi, la compagnie nationale mettra particulièrement l'accent et insistera sur le respect des délais et des coûts des projets en phase de développement. Pour l'expert énergétique et ancien PDG de Sonatrach, Nazim Zouiouèche, cet objectif de réduction des coûts est essentiel puisque "nous n'avons aucune maîtrise sur les prix des hydrocarbures", explique-t-il. Reste que cette réduction des coûts ne doit pas être conjoncturelle mais plutôt permanente et doit toucher tous les domaines, ajoute-t-il. L'ancien PDG de Sonatrach déplore ainsi que pendant très longtemps, l'entreprise "évoluait comme si on n'avait beaucoup d'argent" dont ne se souciait pas de la question de la réduction des coûts. Selon lui, Il y a eu trop de gaspillage, en témoigne les nombreux contentieux que nous avons aujourd'hui. Nazim Zouiouèche estime, par ailleurs, que l'élément essentiel pour la réussite de cette opération de réduction des coûts reste la ressource humaine. En effet, selon lui, il est plus que nécessaire de disposer d'une ressource humaine formée et en mesure de bien mener les projets tant en matière de coûts que de délais de réalisation. Partant de là, il insiste sur la nécessité de la formation au niveau de Sonatrach, seule à même de permettre la réalisation de cet objectif. Il est évident que les retards pris par de nombreux projets de Sonatrach induisent automatiquement des surcoûts. Nazim Zouiouèche trouve anormal qu'une découverte faite en 2006, ne soit pas encore arrivée à la phase d'exploitation en 2015. Là aussi, il revient sur l'impératif d'avoir une ressource humaine suffisamment formée pour pallier cette carence. Dans la conjoncture actuelle, l'expert énergétique estime qu'il faut des arbitrages sur les projets à lancer. Probablement, ajoute-t-il, il faudrait abandonner les projets non rentables. À ce sujet, il évoquera la raffinerie d'Alger dont la rénovation perdure et qui a abouti à un contentieux avec l'entreprise étrangère chargée de cette rénovation. Selon lui, il aurait été plus pertinent de construire une nouvelle unité dans un autre endroit au lieu d'essayer de rénover celle déjà existante. Concernant les hydrocarbures non conventionnels, Nazim Zouiouèche souligne qu'il faut rester en veille. Selon lui, aller vers les non conventionnels en important tout (équipements, technologie) ne sera pas rentable. Cela nécessiterait de grands moyens technologiques. Il faudrait plus de prospection et de réflexion pour essayer de faire participer la production nationale dans cette opération. Même chose pour l'off-shore. Nazim Zouiouèche indique que l'exploration et l'exploitation de l'off-shore algérien nécessité d'aller à des profondeurs importantes. Cela est forcément très coûteux. Selon lui, l'Algérie devra plutôt mettre l'accent sur les énergies renouvelables. S. S.