Les difficultés financières du pays risquent de s'aggraver si Sonatrach ne parvient pas à augmenter sa production d'hydrocarbures de façon conséquente et dans les délais, c'est-à-dire dans la fenêtre d'opportunité 2017-2019. Sonatrach face à la chute des prix du pétrole se trouve dans une situation délicate. Elle doit mener avec succès son plan de développement 2015-2019 doté d'une enveloppe de 80 milliards de dollars dont l'objectif principal est l'augmentation de la production d'hydrocarbures et partant les exportations du pays en déclin ces dernières années. Avec moins de ressources financières. 1- Une capacité d'autofinancement réduite Avec la chute des prix du pétrole, Sonatrach va enregistrer des résultats bénéficiaires plus modestes. Si l'aisance financière des dernières années aidant, Sonatrach parvenait à réaliser des excédents financiers qui lui permettaient d'autofinancer ses projets de développement. Ce ne sera plus le cas en 2016, voire en 2017. Sonatrach sera obligé à court et moyen terme de recourir aux crédits bancaires et aux emprunts obligataires éventuellement pour parachever son plan de développement. Le recours à l'endettement extérieur n'est pas exclu. Ces difficultés de financement de son plan de développement risque de freiner l'augmentation de sa production d'hydrocarbures. La rente pétrolière est dans ce scénario menacé. 2- Fixer des priorités Sonatrach est obligé de fixer des priorités. "Nous allons prioriser les projets les plus rentables", avait affirmé Amine Mazouzi, le P-DG de Sonatrach lors des 10es journées scientifiques et techniques de Sonatrach. Plusieurs spécialistes pensent qu'avec cette conjoncture défavorable, Sonatrach sera obligé d'arbitrer entre les différents projets prévus par ce plan de développement. La pétrochimie fera-t-elle les frais de cette rationalisation des dépenses ? En tout état de cause, Abdelmadjid Attar, l'ancien P-DG de Sonatrach, pense que pour maîtriser les coûts, on devra faire des coupes dans les dépenses d'exploration. Les projets d'exploration risqués, situés par exemple loin des infrastructures doivent etre reportés. L'exploration off shore coûteuse devrait également entre reportée. Mais selon lui, ce pari de réduction des coûts est jouable. Il estime le prix de revient du baril algérien entre 15 et 20 dollars. "On peut gagner 1 à 2 dollars par baril si on réduit les coûts". Il ajoute qu'il n'est pas judicieux aujourd'hui d'augmenter la production de pétrole car avec des prix du pétrole très bas comme actuellement, le gain en termes de hausse des recettes du pays sera très modeste. 3- Des projets de plus en plus coûteux Quant à l'objectif de réduction des coûts, il fait face à une grosse difficulté. Les projets de développement de la production d'hydrocarbures par Sonatrach sont aujourd'hui plus coûteux. En d'autres termes, les coûts d'extraction seront plus élevés. Car on a affaire de plus en plus aujourd'hui à des ressources plus difficiles à extraire. L'exemple le plus frappant est celui du tight gas (les nouveaux gisements du Sud-Ouest renferment du tight gas (gaz compact). Il faut forer dans ce cas beaucoup plus de puits pour extraire ce gaz. Tel est le cas également de l'augmentation du taux de récupération des gisements de Hassi Messaoud et Hassi R'mel visé par le plan de développement de Sonatrach. Il faudra utiliser de nouvelles technologies, de nouvelles méthodes. Or, ces techniques pour augmenter le taux de récupération sont coûteuses. "Amine Mazouzi, l'actuel P-DG de Sonatrach, aime ces joujoux technologiques fort coûteux", rapporte un spécialiste du domaine. Or, ces projets sont-ils rentables à court terme avec les prix actuels du baril de pétrole ? K. R.