La priorité des priorités est la reprise de la production de pétrole et de gaz et l'augmentation des réserves d'hydrocarbures du pays. La Présidence vient de procéder à des changements majeurs à la tête du secteur de l'énergie. Salah Khebri, l'ex-premier responsable de l'Institut algérien du pétrole, est le nouveau ministre. Tandis qu'Amine Mazouzi, l'une des têtes pensantes de l'ingénierie dans l'amont (exploration- production de gaz et pétrole), et qui connaît bien de ce fait le sous-sol algérien, est le nouveau P-DG de Sonatrach. Commençons par le dernier changement. Raison principale de l'appel par nos gouvernants à ce technicien-maison de Sonatrach est bel et bien d'amorcer l'augmentation de la production de pétrole et de gaz à partir de 2016-2017, avec la mise en service d'une série de nouveaux gisements d'hydrocarbures dans les délais. Sonatrach vise en particulier à augmenter la production de gaz de 40% à l'horizon 2019. "Comme il connaît bien ce que recèlent les réservoirs et les meilleures techniques pour extraire ces nouvelles richesses dont une bonne partie demande de nouvelles méthodes d'extraction parce qu'elle pose des difficultés d'extraction (gisements de gaz compact : tight gas , amélioration du taux de récupération des anciens champs de pétrole), les chances d'arriver à cet objectif sont grandes avec le nouveau patron de Sonatrach selon les décideurs", analyse un spécialiste du secteur. La finalité du changement est en somme de garantir une augmentation des revenus financiers du pays tirés des hydrocarbures en contexte de chute des prix du pétrole et de baisse depuis plusieurs années de la production d'hydrocarbures. En ce sens, le Premier ministre Sellal a déjà fixé les grandes lignes de la feuille de route du nouveau P-DG lors de la réunion récente du cadre du secteur à l'occasion de ces changements : développer la recherche d'hydrocarbures pour accroître les réserves. "La moyenne mondiale par densité de forage par 10 000 km2 est de 105 puits pour notre pays, le potentiel minier national continental et maritime est insuffisamment exploré (66% du domaine minier sont libres) ; poursuivre et renforcer la formation des ressources humaines pour une meilleure maîtrise de l'exploration, de la production et de la distribution. Sonatrach doit s'investir dans son domaine de compétences et éviter la dispersion", a-t-il souligné. Une instruction ambiguë. Cela veut-il dire que Sonatrach doit arrêter de s'investir dans dessalement d'eau de mer, les mines et l'agriculture ? Or, c'est sur instruction de la Présidence que Sonatrach a été mobilisée pour soutenir le développement de ces activités. La question est de savoir si les interférences politiques ne vont pas contrarier cette volonté de recentrage de la compagnie pétrolière nationale autour de ces métiers de base : exploration, production, transport et commercialisation d'hydrocarbures. Pour les autres branches du secteur de l'énergie, une division du travail semble se dessiner. Le P-DG de Sonatrach aura des prérogatives pour gérer l'amont, le ministre de l'énergie s'occupera de dossiers très importants : énergies renouvelables, maîtrise de l'énergie, approvisionnement de la population en produits énergétiques et garantie d'une distribution continue de l'électricité en particulier aux ménages et aux entreprises. Pour les deux premiers, les progrès sont épineux. Le programme des énergies renouvelables peine à décoller faute d'une démarche cohérente. Tandis que celui de maîtrise de l'énergie qui vient d'être adopté par le gouvernement, il sera en butte à des difficultés de financement. Quant à la mise en œuvre d'un modèle de consommation énergétique rationnel, nos gouvernants n'ont jusqu'ici pas eu le courage de faire bouger les lignes. Conséquence : le gaspillage de produits énergétiques est un sport national dangereux. Il participe à l'épuisement des réserves d'hydrocarbures et constitue un véritable frein à l'augmentation des exportations de produits raffinés. à moins d'une forte volonté politique, le nouveau ministre de l'énergie va sans doute avoir beaucoup de difficultés pour infléchir cette tendance. K. R.