"Nous sommes en phase de militarisation de la vie politique dans le pays", a affirmé, hier à Alger, Louisa Hanoune, à l'ouverture de la réunion du bureau politique du PT. À l'inverse des incantations du patron du FLN, Amar Saâdani, sur la civilisation de l'Etat, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune voit plutôt, à travers le "démantèlement" du DRS, couplé aux orientations économiques, "une militarisation" de la vie politique. "Nous sommes en phase de militarisation de la vie politique dans le pays", a affirmé hier, à Alger, Louisa Hanoune, à l'ouverture de la réunion du bureau politique du PT. D'ailleurs, elle ne manque pas de tirer la sonnette d'alarme : "L'Algérie est en danger, on doit la défendre des dérives qui menacent la pérennité de l'Etat et son entité." Dans ce contexte, elle trouve "étrange" le dernier communiqué de la présidence de la République expliquant et justifiant les derniers changements opérés au sein du DRS. Le communiqué expliquait, en effet, que "ces changements et ces réorganisations au DRS portent sur une architecture en place depuis un quart de siècle déjà". "C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, mis en route en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique", notait le texte. Or, pour l'ex-candidate à la Présidence, l'état d'urgence est presque toujours en vigueur, au regard des entraves à l'exercice politique et la réforme au sein des services de renseignement prend les allures d'un démantèlement. "C'est un communiqué bizarre, même dans la forme. Est-ce que c'est un homme qui parle ?", ironise-t-elle. "C'est un démantèlement, pas une réforme. La purge se poursuit toujours", assène-t-elle. Elle se dit d'autant plus inquiète que la veille du communiqué, la presse avait rapporté une information relative au déploiement de l'armée algérienne dans le cadre de l'opération Barkhane. "Ce qui est bizarre, c'est le silence de l'état-major et du gouvernement." "On se dirige vers un régime totalitaire", ajoute-t-elle. Face à cette dérive qui nous vaut d'être devenus "la risée du monde", Mme Hanoune s'interroge sur "le silence des étrangers et des ONG" et sur "la contrepartie" de ce silence. "Des cadeaux économiques, militaires ?", se demande-t-elle. S'appuyant sur des rapports de la base militante de son parti, elle soutient qu'"il y a une angoisse profonde chez la population". D'où la nécessité, à ses yeux, d'un changement démocratique. "Le maintien du statu quo actuel constitue le plus grand danger pour le pays." Par ailleurs, Mme Hanoune rejette l'offre de Saâdani pour la constitution d'un front national pour le soutien du programme du président de la République. "On n'est pas concerné par cet appel. Ce n'est pas notre vision politique. D'ailleurs, de quel programme parle-t-il ? Du programme électoral dont beaucoup d'aspects n'ont pas été appliqués ou de l'actuel qui est en total contradiction avec les engagements du Président ?" Au chapitre économique, Mme Hanoune doute que la tripartite qui s'ouvre aujourd'hui "prenne des mesures en faveur des travailleurs". "Tout comme l'équilibre a été rompu au sein des institutions, de l'armée, il a été rompu au plan économique." Dans le même contexte, elle qualifie de "pipeau" l'annonce du ministre du Commerce portant sur la construction de trois usines de sucre pour "casser le monopole". "Les trois bénéficiaires de ces projets peuvent se liguer et créer un monopole." K. K.