"Un pas vient d'être franchi par une partie des partisans du 4e mandat qui sont prêts à mettre le pays à feu et à sang pour préserver leurs privilèges et les élargir", estime la porte-parole du PT. La sortie fracassante d'Amar Saâdani et sa charge inattendue contre le patron des services de renseignements continuent de susciter des réactions diverses parmi les acteurs politiques et les observateurs, et au sein de l'opinion publique. Entre ceux qui s'étonnent, paniquent, s'alarment, s'affolent, s'offusquent, s'agacent, ou encore prennent acte ou applaudissent, la subite "bravade" de Saâdani continue de faire couler beaucoup de salive et beaucoup d'encre. Ce vendredi, Mme Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), qui répète ses mises en garde contre la dislocation et les menaces qui pèsent sur le pays depuis plusieurs mois, a évoqué "un contexte de guerre". "Nous sommes dans un contexte de guerre, et je ne fais pas référence seulement à ce qui se passe à l'étranger et dans les pays voisins, mais à ce qui se trame à l'intérieur du pays (...) L'Algérie traverse la plus grave crise politique, plus grave que celle de l'été 1962", a déclaré Mme Hanoune lors d'une conférence de presse au siège de son parti, à Alger. Selon elle, "c'est l'intégrité de l'Etat-nation, la souveraineté du pays et sa stabilité qui sont ciblées par les attaques gravissimes de Saâdani". "Un pas vient d'être franchi par une partie des partisans du 4e mandat qui sont prêts à mettre le pays à feu et à sang pour préserver leurs privilèges et les élargir", accuse-t-elle. "Nous assistons à une accélération d'un processus visant à mener l'Algérie vers le chaos (...) On dit : assez, il y a péril en la demeure !" Mme Hanoune s'interroge même sur ce revirement spectaculaire d'Amar Saâdani qui, en quelques jours, a changé radicalement de discours, puisque peu avant cette charge contre le patron du service de renseignements, le secrétaire général contesté du FLN affirmait au site TSA que "l'ANP est unie et républicaine et qu'elle ne s'immiscera pas dans les prochaines élections qui seront civiles". "Que s'est-il donc passé entre le 23 janvier et le 3 février pour que soit actionnée une telle machine de guerre ? Abdelaziz Bouteflika est-il au courant de ce qui se trame au nom du quatrième mandat sur lequel il ne s'est même pas prononcé lui-même ?" s'interroge-t-elle. "Est-il au courant des dangers ?" se demande-elle encore. Face à cette situation d'une "extrême gravité qui accentue le flou" et les "suspicions" autour de la prochaine présidentielle, Louisa Hanoune soutient que son parti "ne saurait ne pas réagir". Dès lors, comme elle l'avait fait il y a quelques jours, elle appelle le président de la République à sortir de son mutisme, sous peine de "voir interprété ce silence comme une caution à ce qui se passe". "Rompez le silence ! Vous êtes le ministre de la Défense, le président d'honneur du FLN, c'est vous qui êtes responsable de l'unité des rangs jusqu'à l'annonce des résultats de la prochaine élection (...) Vos courtisans ne vous disent pas la vérité, ils vous soutiennent comme on soutient la corde d'un pendu. Ils vous réservent une fin politique tragique", dit-elle sur un ton grave. "Vous êtes responsable et comptable devant la nation. Parlez afin que votre silence ne soit pas interprété comme une caution à ce qui se passe. Parlez pour stopper l'engrenage de la fitna !" insiste-t-elle. Elle tire la sonnette d'alarme. "Les attaques verbales préparent une violence physique (...) Le silence est mortel." Autant elle ne s'oppose pas à un 4e mandat du Président "si son état de santé le lui permet", autant elle refuse que "le pays soit gouverné par procuration". Convaincue que "la situation politique qui prévaut actuellement ne saurait rester sans conséquences et dépassera le cadre national, tant elle implique des risques d'intervention étrangère et ne tolère pas davantage de provocations", Mme Hanoune, candidate à l'élection présidentielle et l'une des rares femmes dans le monde arabe à postuler à la magistrature suprême, a réitéré que son parti "combattra tout processus de délitement de l'Etat et ce qui vise la démolition de la nation à la somalienne". Par ailleurs, Mme Hanoune a dénoncé la campagne menée par les médias publics en faveur du quatrième mandat, alors que la campagne électorale n'a pas commencé et que le Président lui-même ne s'est pas prononcé. "C'est frauduleux et anticonstitutionnel", a-t-elle dénoncé. Mais elle a salué, en revanche, la réaction de la presse privée à la "sortie de Saâdani". Enfin, elle a qualifié "d'étrangeté" la décision du Conseil constitutionnel d'obliger les candidats à présenter la liste des signataires. "Il faut une armée de personnes pour le faire", a-t-elle ironisé. K. K Nom Adresse email