Le calme de la Bretagne natale manque effroyablement à Christian Gourcuff. Le cocon douillet de Lorient, où le technicien français a eu tout le temps nécessaire pour asseoir sa vision du jeu mais aussi sa réputation d'entraîneur bâtisseur, contraste à ses yeux terriblement avec le chaudron algérien, peu enclin à laisser passer la pilule des sorties ratées et à accorder un délai de grâce plus large à un entraîneur pourtant racé. Mardi soir, le temple du 5-Juillet, pour la seconde fois en l'espace de cinq jours, a grogné, fustigeant le rendement franchement médiocre des Verts en dépit d'une victoire à l'arraché contre le Sénégal. "15 mois ça suffit", fulminent des Algériens, certes pressés et pressants, déçus surtout de voir l'esprit de l'épopée du Brésil s'estomper en si peu de temps, transformant l'EN d'Algérie en une vraie épave footballistique. Une réaction démesurée mais suffisante pour faire réagir le Breton têtu, qui y voit les soubresauts d'une manipulation contre lui. "Je découvre l'Algérie, un autre environnement... Et là c'est vrai, il y a un vrai problème de sérénité", dit il, sur un ton presque colérique, allusion faite à la pression désolante des supporters et de la presse, coupable de distiller des "conneries". Avant de carrément craquer passant l'arme à gauche : "Dans un mois je ne serai plus là", lâche-t-il, dans un lapsus annonciateur d'un départ imminent de la tête de la sélection algérienne. Qu'en est-il au juste ? Selon une source digne de foi, proche de la FAF, Christian Gourcuff prépare bel et bien ses valises. "Un accord a été trouvé avec le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, pour une séparation à l'amiable dès la fin du second tour des éliminatoires du Mondial 2018, soit à la mi-novembre prochain, et ce, quel que soit le résultat des deux matches qualificatifs à la phase des poules", révèle à Liberté une source sûre, qui fait du reste référence à une réunion entre les deux hommes, mardi soir, juste après le match, au centre de Sidi Moussa. "La FAF ne compte pas, vu l'importance du double rendez-vous tanzanien, annoncer la séparation à l'amiable pour le moment, mais une chose est certaine, Gourcuff passera l'hiver en France", ajoute notre interlocuteur. Pourquoi ? "Au-delà des imperfections tactiques relevées, la panique de Gourcuff commence à déteindre sur le groupe, en témoigne les nombreux cas d'indiscipline (Slimani, Soudani, Brahimi) pour ne citer que ceux-là. Le groupe échappe à Gourcuff, et ce dernier lui-même ne supporte plus la pression du public algérien. Il a du mal à comprendre cette impatience des Algériens, il réagit mal aux critiques, en témoignent ses propos scandaleux contre la presse. Du coup, la FAF a décidé de changer d'entraîneur dès le mois de novembre afin de préparer sereinement la phase des poules des éliminatoires du Mondial 2018 et la CAN 2017 avec un technicien plus costaud, surtout que ces éliminatoires ne débutent qu'au mois de juin 2016". Raouraoua, en homme habile et perspicace, compte rapidement se lancer à la recherche d'un successeur à Gourcuff... Mais il faut faire attention cette fois-ci au casting, car une chose est sûre : du côté des technicien étrangers, l'on se bouscule déjà au portillon pour entraîner l'Algérie. Certains, par presse interposée, comme Hervé Renard, ont déjà fait une offre de service à peine voilée... S. L.