La situation dramatique actuelle des réfugiés sahraouis, victimes des dernières inondations dans les campements de Tindouf, au Sud-Ouest algérien, suscitera-t-elle un déclic au niveau des Nations unies, pour le règlement rapide de la question du Sahara occidental ? À quelques jours du 40e anniversaire de la tristement célèbre "marche verte", célébrée le 6 novembre chaque année par le Maroc, et qui est à l'origine des souffrances et des déchirements du peuple sahraoui, un "appel d'urgence" est lancé par les agences humanitaires de l'ONU pour venir en aide aux réfugiés sahraouis qui, depuis près de deux semaines, font face aux dégâts et destructions causés par les pluies torrentielles et les inondations. Dans un communiqué commun, lu au cours d'une conférence de presse, organisée à la Maison des Nations unies, le 29 octobre en fin de journée à Alger, les représentants du HCR, de l'Unicef, du PAM, ainsi que la responsable de l'OMS, appuyées par la Coordinatrice du système des Nations unies en Algérie, Cristina Amaral, ont alerté la communauté internationale et l'opinion publique sur la gravité de "cette crise". Outre la perte des aides alimentaires mensuelles et la destruction d'une "partie importante" des infrastructures de base (hôpitaux, écoles, bâtiments publics, cliniques, pharmacies...), il est fait cas de dizaines de milliers de familles (entre 7 000 et 11 500) qui se retrouvent sans abri. Dans leur appel, les agences onusiennes ont révélé que les "besoins urgents, dans l'immédiat" comprenant "la provision d'abris et de nourriture" pour les populations les plus vulnérables (les enfants, les personnes âgées, les handicapés et les femmes chefs de famille), ainsi que la prévention contre les épidémies et l'accès aux écoles. Ce qui nécessiterait au moins 19,6 millions de dollars américains ($ US), afin de faire face à la catastrophe et pour leur permettre de couvrir les besoins humanitaires sur le terrain (travaux de réhabilitation et de construction) : 9,5 millions $ US pour le HCR, 8,1 millions $ US, 1,7 million $ US et 0,3 million $ US pour l'OMS. Bailleurs de fonds, option d'emprunt à l'ONU... Comme on le voit, la situation des réfugiés sahraouis n'a rien d'enviable. Pourtant, il faut bien convenir qu'elle comporte bien des aspects absurdes, voire troublants. Voilà un "territoire non autonome" regorgeant d'importantes richesses naturelles qui profitent à l'occupant marocain, au vu et au su de tous, alors qu'il n'a, à ce jour, aucune souveraineté territoriale sur le Sahara occidental. Et, voici un peuple, le peuple sahraoui, qui est privé de ces ressources, dont une partie, contrainte à s'exiler dans des camps de réfugiés, est en quête d'aides humanitaires internationales. Pis encore, 40 ans après l'occupation illégale de leur territoire, ces réfugiés, victimes d'un "coup de poker" du défunt roi Hassan II, sont confrontés aujourd'hui à une crise humanitaire sans précédent. Qui, au sein des Nations unies, daignera faire appliquer l'avis juridique de janvier 2002 de l'ancien secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et conseiller juridique de l'ONU, le Suédois Hans Corell, pour mettre un terme au pillage des richesses nationales de l'ancienne colonie espagnole ? Qui prendra enfin la décision tant attendue de parachever la "décolonisation inachevée" de ce territoire ? En attendant des réponses à la hauteur des missions généreuses et énergiques de l'ONU, qui vient de fêter ses 70 ans, les agences humanitaires, tenues à "la neutralité" et à "l'impartialité", ne sont ni "aveugles" ni "sourdes" par rapport au drame des réfugiés sahraouis. Qu'attendent-elles alors pour interpeller le Conseil de sécurité sur ses responsabilités envers la population sahraouie "oubliée" ? Dotées du seul "mandat humanitaire", elles se sont rapprochées de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies au Sahara occidental, Christopher Ross, en visite dans la région, pour lui faire part des "souffrances" des Sahraouis. Le 29 octobre, les représentants de ces agences ont fait savoir que les questions humanitaires et politiques "sont prises au sérieux au niveau des instances de l'ONU", laissant également entendre que même l'"option" d'emprunt de fonds est retenue, pour secourir les personnes vulnérables, dans les camps de Tindouf. H. A.