Les ossements du chahid Bouhassi Mohamed ont été exhumés par les agents de la Protection civile et transférés au carré des martyrs d'Adila. Pour la commémoration du 61e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, en plus du programme élaboré par l'organisation locale des moudjahidine et des associations des ayants-droits de Tizi Gheniff et de M'kira, l'événement principal était focalisé sur l'exhumation des ossements de l'un des martyrs de M'kira et sa ré-inhumation au carré des martyrs de Adila, à environ cinq kilomètres à la sortie de la ville. En présence des autorités civiles et militaires, accompagnées d'anciens moudjahidine et des habitants du village de Tamdikt, les ossements du chahid Bouhassi Mohamed ont été exhumés par les agents de la Protection civile et transférés au carré des martyrs d'Adila. Ce fut une grande émotion quand sa veuve na Yamina prit la parole pour évoquer son défunt mari tombé l'arme à la main à la fin de 1959, âgé de quarante ans à l'époque, la laissant avec quatre enfants. C'est un habitant de la région qui projetait de faire une extension de son habitation, et comme il était quelque peu gêné par la tombe située à proximité de son domicile, il a sollicité la famille du chahid et les organisations des enfants de chouhada et l'ONM locale afin de déplacer la tombe au carré des martyrs. Chose qui a été acceptée. "C'est pourquoi, aujourd'hui, nous avons pris toutes les précautions nécessaires pour exhumer les ossements de notre frère Mohamed", nous a dit une source proche de l'ONM locale. Ainsi, il fut enterré aux côtés de ses frères d'armes, et c'est la 51e tombe du carré des martyrs qui porte désormais le nom du chahid Mohamed Bouhassi. Les autres sépultures n'ont pas encore de noms. D'ailleurs, depuis des années, les associations de la Fédération des ayants droit de chouhada de M'kira et celle de Tizi Gheniff ainsi que le bureau local de l'ONM continuent leur travail de recherche pour reconstituer la liste des martyrs inhumés dans ce carré et porter leurs noms sur les tombes, fixer une plaque commémorative des chahids cinquante ans après avoir érigé ce carré. "La reconstitution est à 95%. Nous n'attendons que l'accord des responsables concernés pour en finir avec cette situation qui nous a posé tant de problèmes. C'est un devoir pour nous de parachever ce processus qui va dans le sens de l'écriture de notre histoire. C'est anormal que de tels endroits restent encore sans plaque commémorative", nous a déclaré un fils de chahid en marge de la cérémonie de réinhumation. Ces organisations se battent également pour la réhabilitation du patrimoine historique et culturel de Tizi Gheniff, qui est de plus en plus dégradé. Dans l'un de leurs écrits destinés à l'APC, à la daira, à la wilaya, à la direction des moudjahidine, à la mouhafadha du FLN, au ministère des Moudjahidine et celui de l'Intérieur, on peut lire : "Nous dénonçons avec énergie la destruction du centre de détention et de torture appelé Prison de la mort de M'kira, représentant une valeur historique inestimable qui s'ajoute à la destruction des campements, des SAS, des postes avancés, des cimetières, même la statue du soldat inconnu non épargnée". En outre, ont-ils ajouté, la destruction de ces sites chargés d'émotions, évocateurs de sacrifices douloureux, n'est en réalité qu'une conspiration visant le présent et l'avenir de tout un peuple et entrave l'édification d'un Etat de droit auquel ont aspiré les hommes que rappellent ces lieux. O. G