La faculté des sciences humaines de Bouzaréah a abrité, hier matin, un grand rassemblement, qui a été suivi par une marche à l'intérieur de l'enceinte universitaire, auxquels ont pris part également des centaines d'étudiants, pour soutenir le comité estudiantin de la fac des sciences politiques et Merzouk Hamitouche, d'une part, et condamner “la crise” que traverse l'Université algérienne, ainsi que “la répression” et les atteintes aux franchises universitaires”, d'autre part. “Contrairement à ce qu'a dit M. Hadjar (le recteur de l'Université d'Alger, ndlr), nous constatons qu'il y a violence. La crise de l'université occasionne des dérapages et de la violence. Nous disons qu'au lieu de réprimer les étudiants, il faut régler leurs problèmes par le dialogue, des formules et des réformes. La concertation est donc nécessaire avec les enseignants, les étudiants et les travailleurs”, a déclaré, hier matin, un des membres du collectif de la fac de Bouzaréah. Selon lui, les actions de sensibilisation et de mobilisation se poursuivront autour de la plate-forme de revendications. Celle-ci comporte, outre les aspects liés au respect des franchises universitaires, des libertés syndicales et démocratiques, des questions sociopédagogiques, telles que, notamment, la construction de nouvelles cités et campus universitaires, l'apport nécessaire en encadrement pédagogique, l'organisation des examens d'évaluation, l'amélioration de la qualité des prestations de transport, d'hébergement et de restauration. “Parler de véritable politique de concertation implique l'engagement financier de l'Etat”, a indiqué un étudiant activiste. Il a, en outre, révélé que le collectif autonome est en train de peaufiner sa plate-forme de revendications aux fins d'en faire “une esquisse à une réforme de l'université” et de travailler pour la constitution d'un comité estudiantin national, plus représentatif des instituts et des cités universitaires. Il a aussi soutenu que son organisation compte entrer en consultation avec les gens du Cnes, en rappelant que l'association estudiantine Nedjma appelle à rejoindre la journée de protestation du syndicat des enseignants du supérieur, le mois prochain. “Nous avons fait plusieurs tentatives de médiation, nous avons aussi appelé au dialogue avec les responsables de l'université, mais nous n'avons reçu aucune réponse favorable. Nous avons même envoyé une délégation d'étudiants, le 16 ou 17 décembre dernier, au ministère de tutelle, mais personne n'a voulu nous recevoir. À partir de là, nous estimons, en tant que membres du collectif des étudiants d'Alger, que c'est à eux seuls de porter la responsabilité, en cas de dérapage”, a encore précisé le membre du collectif de Bouzaréah, avant d'ajouter : “La seule solution reste le dialogue, mais puisqu'ils refusent cette démarche, la balle est dans leur camp à présent.” Il est à souligner que dans la matinée d'hier, des étudiants islamistes de l'Ugel ont tenté de démobiliser leurs camarades en les appelant à rejoindre leurs salles de cours et à ne pas prendre part à l'action de protestation de Bouzaréah. Ils n'y sont pas parvenus. D'autres étudiants, étrangers au collectif autonome, ont tenté de leur côté d'imposer une grève de fait, en vain. Les cours ont donc repris normalement, dans l'après-midi, à la fac des sciences sociales, tel que décidé par l'organisation estudiantine organisatrice. À la faculté des sciences politiques, la situation est de plus en plus confuse. Les propos du recteur de l'Université d'Alger, qualifiés par des observateurs comme “des propos spécifiques aux gens du hizb”, allusion faite aux militants du FLN, ont déçu plus d'un. Des étudiants, à la fois mécontents et frustrés par l'évolution des évènements, ont barré la route à leurs camarades, les empêchant de rejoindre leur institut. “Les étudiants maintiennent leurs positions ; au fond on ne leur laisse pas d'autre choix. Les choses devraient se décanter après le jugement de l'étudiant Hamitouche”, a estimé un des enseignants, non sans prévenir sur la décision prise par certains étudiants d'entamer prochainement une grève de la faim dans l'enceinte universitaire. H. A.