Mais quelle mouche a donc piqué les élus locaux d'Hussein-Dey pour voter à l'unanimité et ordonner en séance plénière, la démolition de l'ancienne salle de cinéma le "Moderne" afin qu'il soit construit en lieu et place des commerces du projet des 100 locaux par commune. Contacté à ce sujet, M. Sedrati Mohamed, le maire d'Hussein-Dey déclare avoir agi, en raison de la rareté du foncier auquel est confrontée sa division territoriale afin de satisfaire aux besoins des artisans de sa commune (sic). Seulement, ce n'est pas l'avis des anciens cinéphiles d'Hussein-Dey qui déplorent l'offense grave perpétrée à l'encontre de leur cinéma de quartier qu'ils espéraient voir réouvrir un jour ou l'autre à l'instar de ce qui s'est fait pour les salles "Echabab" (ex-Casino), "El Khayam" (ex-Debussy) et "Etthaqafa" (ex-ABC) d'Alger-Centre. C'est dire que l'acte est d'autant plus regrettable, du fait qu'il est difficile de reconstruire le "Moderne" à l'identique. Et puis, sachant que le vieux Hussein-Dey s'use peu à peu par le phénomène galopant des "IMR", la raison aurait dicté à l'exécutif municipal d'attendre la démolition de ces immeubles qui menacent ruines, pour qu'il y ait des parcelles à... perte de vue, sinon, à en veux-tu, en voilà. S'il en est un exemple, celui-ci s'illustre par cette parcelle laissée en l'état à l'autre bout du chemin Kaddour-Rahim, soit aux environs du 4 B qui est contiguë au centre culturel Aïssa-Messaoudi d'Hussein-Dey. Pour qui s'en souvient, ce cinoche du septième art était situé de part et autres des ruelles Karabadji-Mohamed (ex-Etienne) et Amar-Hamiti. En ce temps de l'âge d'or d'Alger, où il faisait bon vivre, le "Moderne" drainait la foule des grands jours à l'époque bénie où son enseigne éclairait le quartier. C'est évident que l'exécutif municipal a confondu vitesse et précipitation lorsqu'il a fallu opérer un choix de terrain sur lequel il n'y eut pas le résultat escompté. Et pour cause, ce n'est pas demain la veille qu'il y aura la livraison aux artisans d'Hussein-Dey, des 100 locaux par commune, inscrits, on s'en souvient, au programme du Président de la république. D'ailleurs, et à l'allure cahin-caha où va le chantier, les artisans n'ont pour unique alternative que de se trouver d'autres débouchés pour gagner leur vie. C'est le cas de B. M., artisan tailleur de son état qui nous a reçus dans son réduit de la taille d'un dé et qui ne cache pas son appréhension que l'attente durera encore : "Inauguré en l'an 2009, pas moins de quatre entreprises de réalisation en bâtiment et travaux publics se sont succédées sur l'échafaudage, pour qu'au final, l'ouvrage soit encore à l'état du gros-œuvre et de la maçonnerie. Du reste et pour peu qu'ils soient attribués, beaucoup de candidats à l'accession d'un local désespèrent d'exercer un jour ou l'autre dans cet édifice à l'aspect inquiétant. S'agissant du voisinage, Azzedine se plaint que le chantier soit devenu le lieu de rendez-vous, voire le repaire d'une faune d'inquiétants énergumènes qui menacent la tranquillité des riverains. Peut-être est-ce là un signe divin qu'il ne fallait pas démolir le"Mondial"... L.N.