Se contentant jusque-là de donner de l'argent aux régimes africains pour qu'ils s'attaquent aux racines de la migration vers leur continent sans l'accompagner de mesures politiques, les pays européens opteront-ils cette fois-ci pour des solutions plus efficaces ? En effet, devant l'absence de résultats concrets, car le flux de migrants d'Afrique vers l'Europe se poursuit à un rythme plus élevé ces dernières années, les dirigeants des pays membres de l'Union européenne devraient faire de nouvelles propositions à leurs homologues de la trentaine d'Etats africains lors de cette rencontre de haut niveau programmée pour les 11 et 12 novembre courant à La Valette. À la fin de ce sommet, soit dans l'après-midi du 12 novembre, les présidents et Premiers ministres des Etats membres de l'Union européenne tiendront une réunion informelle du Conseil européen, réunissant les chefs d'Etat ou de gouvernement européens dans la capitale maltaise, pour faire le point sur les mesures prises jusque-là par l'UE pour faire face à la crise migratoire. Il faut croire que cette rencontre revêt une importance particulière pour les pays de la rive nord de la Méditerranée. Ainsi, selon une source diplomatique, au moins vingt-quatre sur les vingt-huit Etats membres de l'Union européenne devraient être représentés au niveau de leurs chefs d'Etat ou de gouvernement, tandis que les autres le seront à un niveau ministériel. La même source a laissé entendre qu'il y aura aussi une "bonne représentation" au niveau des présidents des 35 Etats africains conviés à cette réunion. Il s'agit de pays, dont sont en grande partie originaires les migrants dits économiques, comme la région du Sahel, l'Afrique de l'Ouest et de l'Est. À noter que l'Algérie est conviée en tant que pays observateur, car n'étant pratiquement pas une zone de transit importante et que le nombre de migrants algériens est quasi négligeable. Reste à savoir quel sera l'ordre du jour de cette réunion, dont on attend une nouvelle politique européenne en la matière. Il ne fait aucun doute que Bruxelles s'est rendu à l'évidence que ce qui a été fait jusqu'à maintenant n'aura été qu'un coup d'épée dans l'eau, au vu du nombre croissant de migrants africains fuyant la misère en quête de l'eldorado du Vieux Continent. Il est à espérer que l'aide financière à apporter aux pays sources de ce fléau sera accompagnée de dispositions politiques. Comment peut-on fermer les yeux sur les dépassements des régimes dictatoriaux, une des principales causes de la fuite de leurs ressortissants, et attendre d'eux qu'ils améliorent les conditions de vie de leurs peuples ? Si elle désire réellement attaquer à la racine cette crise de la migration, l'UE doit cesser cette pratique qui conforte les dictateurs du continent, de plus en plus enclins à modifier leurs constitutions pour se maintenir au pouvoir. M. T.