Amar est sur tous les fronts en enchaînant les sorties médiatiques. Samedi, il s'est érigé en porte-parole de la présidence de la République pour répondre à la lettre du groupe des "19" dans la foulée, il ramasse à nouveau Ahmed Ouyahia, devenu sa tête de Turc. Hier, dans un entretien, il a encore remué le couteau dans la plaie en évoquant la guerre Présidence/DRS. Non seulement, Amar Saâdani confirme l'existence de ce conflit, mais il va plus loin, en affirmant que c'est le chef de l'Etat qui aurait mis fin aux fonctions du patron du DRS et que les raisons du conflit seraient liées à l'affaire Chakib Khelil. Le patron du FLN accuse des officiers du DRS d'avoir monté un dossier contre l'ex-ministre de l'Energie, proche du président Bouteflika, pour justement affaiblir le chef de l'Etat. Une accusation grave, d'autant plus grave que Saâdani martèle que Khelil serait innocent, alors que le déclenchement de l'action judiciaire contre lui en Algérie avait fait suite à l'éclatement du scandale Saipem par la justice italienne. Le plus grave, dans la sortie de Saâdani, c'est qu'elle remet en cause le contenu du communiqué de la présidence de la République, concernant la vaste opération de restructuration du DRS, publié une semaine après le départ du général corps d'armée, Mohamed Mediene, dit Toufik. Ce communiqué qui, pour rappel, était venu comme un cheveu sur la soupe, expliquait que les changements opérés à la tête du DRS avec, in fine, la mise à la retraite de son tout-puissant chef, le général Toufik était une opération programmée de longue date dans le but de rendre les services algériens plus réactifs et plus performants. La finalité du communiqué était d'expliquer que l'affaire n'avait rien d'un règlement de compte. Mais dans son propos, le chef du FLN semble avoir la langue fourchue, puisqu'il laisse entendre le contraire, c'est-à-dire un règlement de comptes en bonne et due forme. En contredisant ainsi la version officielle de la présidence de la République, le secrétaire général du FLN dévoile ses cartes et se range ouvertement derrière le clan qui est à l'origine du conflit entre la présidence et le DRS et qui est, présentement, décrié par les "dix neuf". Il confirme, en tout cas, qu'il existe bel et bien un sérieux problème au sommet de l'Etat, dans la mesure où les décisions et autres communiqués attribués au chef de l'Etat posent la lancinante question : qui décide réellement en Algérie ? Sans le vouloir, Amar Saâdani donne raison aux inquiétudes exprimés par les "dix neuf" et révèle, au grand jour, que rien ne va plus au sommet de l'Etat, que, même admis à la retraite, Toufik continue de hanter les esprits, et, enfin, que la question de la succession de Bouteflika pose toujours problème. A. B.