La charge osée du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, contre le général Mohamed Mediène, dit Toufik, patron du DRS, a été à la une des principaux titres de la presse nationale hier. Interrogations, commentaires, analyses, interviews… Les propos tenus par Amar Saadani ont éclipsé la question de la Présidentielle qui occupait, depuis le début de l'année en cours, l'essentiel des espaces rédactionnels des journaux algériens. Et pour cause, la déclaration ne vient pas d'un chef de parti d'opposition, mais d'un responsable d'un parti au pouvoir, dont le président est le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. D'où l'intérêt accordé par les médias nationaux à cette nouvelle sortie de Amar Saadani, dans laquelle il demande à l'homme puissant des services de renseignements de démissionner. Les titres de la presse diffèrent selon les grilles des lectures. «Le général Toufik contre le quatrième mandat», titre, en une, le quotidien El Khabar. «Victoire ou suicide ?», «Saadani, suicidaire ou chargé de mission ?» se demandent El Chourouk et El Fadjr. Plusieurs titres ont opté pour le même ton interrogatif, tant il est difficile de comprendre les dessous de cette sortie intrigante. C'est le cas d'El Watan qui demande : «Pourquoi le clan présidentiel cible-t-il Toufik ?» Le Soir d'Algérie interroge : «Qui actionne Saadani ?» La réponse vient du Quotidien d'Oran qui interprète cette «violente charge de Saadani contre Toufik» comme une fumée noire qui s'échappe de la cheminée du pouvoir, synonyme d'une bataille acharnée entre les différents acteurs. C'est pourquoi le journal arrive à cette conclusion : «Ça chauffe dans les couloirs du régime». Même lecture pour Algérie News qui évoque «des tirs sans sommation de Saadani sur Toufik» et qui sonnent comme «le dernier acte d'un conflit ouvert au sommet». Pour sa part, le Temps d'Algérie a choisi un titre informatif : «Dans une sortie médiatique inédite, le SG du FLN s'attaque au général Toufik». De son côté, Le Jeune Indépendant se distingue avec un grave écart à l'éthique et un titre qui suscite polémique et indignation : «Quand un homo provoque un homme». Ce journal prend la défense de Toufik et charge violemment «le barbouze d'un clan» qui est Amar Saadani. La Nouvelle République évoque quant à elle «un jeu malsain» et un «dérapage de trop» de Amar Saadani. Silence radio chez d'autres titres Bien que les propos de Saadani constituent l'événement de la semaine, certains titres de la presse ont préféré voir ailleurs. Aucun mot sur le sujet. C'est le cas des quotidiens La Tribune, la Dépêche de Kabylie, L'Expression et Midi Libre. Les médias publics, qui se bousculent généralement pour reprendre les déclarations des responsables des partis au pouvoir (FLN et RND), n'ont aussi pas soufflé un seul mot sur le sujet. La presse internationale n'est pas également très intéressée par les déclarations de Amar Saadani. Seuls deux titres (un francophone et l'autre arabophone) ont traité le sujet. Il s'agit du magazine Jeune Afrique qui a repris, sur son site internet, l'information en estimant que «la perspective de l'élection présidentielle, le 17 avril prochain, libère la parole politique en Algérie», en référence à la «diatribe inédite de Saadani contre le général Toufik». Le second titre est Al Qods Al Arabi qui affirme «que le chef du parti de Bouteflika fait exploser une bombe politique à travers une violente attaque contre le patron des service de renseignement».