À Oran, quelque 4000 migrants de différentes nationalités sont installés et 100 naissances par an sont enregistrées. La question des migrations "illégales" et de l'importance de ce phénomène, pour un pays comme l'Algérie, devenu au fil du temps un pays de fixation, a été au cœur d'un colloque qui s'est tenu, cette semaine, à la faculté de droit de l'université de Belgaïd-Oran II. Le choix du thème "L'enfant et la migration illégale", met en relief l'évolution des profils des migrants, avec désormais des personnes des deux sexes, et donc des enfants accompagnant leurs parents. Pour la majorité des participants, universitaires, membres d'ONG, le constat du décalage entre la réalité du terrain et les conventions internationales ratifiées par notre pays, comme la convention internationale des droits de l'enfant de l'ONU, la convention internationale sur la protection des droits des migrants et de leur famille de l'OIT, est évidente. Alors que dans le monde quelque 50 millions d'enfants migrants ne sont pas inscrits dans les états civils, et que 250 millions sont obligés de travailler. Dans notre pays, ces enfants n'ont pas accès à l'éducation et la santé et ne sont pas protégés, comme évoqué par Mme Belahsel, enseignante à l'université Belgaïd. Si elle estime que la scolarisation de ces enfants dans des établissements publics pose problème par rapport à la langue ou la mobilité des parents, d'autres diront plus clairement que cette situation est à rapprocher du statut de "sans-papiers" qui reste le principal obstacle, privant, du coup, les enfants d'un minimum de droits et de protection. Et l'intervenante de prôner une révision de la position des autorités pour soustraire les enfants à la rue. Invité à ce colloque, Thierry Deckert, du diocèse d'Oran, abondera dans ce sens en expliquant qu'aujourd'hui les enfants migrants illégaux doivent produire un extrait d'acte de naissance et un certificat de résidence pour être scolarisés. Or, ce certificat de résidence n'est jamais obtenu par les parents en situation irrégulière. Du coup, les couples de migrants sont contraints de se séparer de leurs enfants dès qu'ils atteignent l'âge de la scolarisation. Il évoquera la présence à Oran de près de 4000 migrants de différentes nationalités et de 100 naissances par an à Oran seulement. Pour l'intervenant, l'octroi de permis de travail aux parents serait un moyen de protéger les enfants. Par les chiffres, le 2e commandement régional de la Gendarmerie nationale a traité, pour les 10 premiers mois de cette année, 718 affaires liées à la migration illégale et 1518 migrants clandestins arrêtés pour cette même période, dont une soixantaine d'enfants de moins de 18 ans. D. L.