Peu de réformes ont été réalisées en Algérie, malgré les difficultés économiques, relève les Perspectives émergents : une publication de la direction des études économiques du groupe bancaire français Crédit agricole. Selon la publication, "la croissance du PIB devrait nettement décélérer en 2015 à 1,5%, après une année 2014 à 4,1%, et ce, en raison de la chute du prix du pétrole et du gaz exportés". Les recettes pétrolières chutent de 50% en 2015 et le déficit courant pourrait atteindre 15% du PIB. De son côté, le déficit budgétaire pourrait également atteindre 13% du PIB dans la mesure où les deux tiers des recettes fiscales proviennent des taxes sur les hydrocarbures. "En l'absence d'IDE, car l'économie manque d'attractivité en raison de nombreux freins administratifs et dans la mesure où l'Etat est réticent à faire progresser le niveau de la dette publique, les déficits courant et budgétaire devraient donc être comblés par pompage sur les réserves en devises et sur le Fonds de régulation des recettes budgétaires", estiment les économistes du groupe bancaire français. Les réserves en devises, rappellent-ils, ont baissé de 18% à 159 milliards de dollars depuis le pic de l'été 2014, et "cette contraction devrait se poursuivre au cours des prochains trimestres". L'économie, constate le Crédit agricole, "est peu diversifiée et souffre du syndrome de la maladie hollandaise depuis de nombreuses années : le potentiel industriel hors hydrocarbures s'est très fortement détérioré et l'économie dispose actuellement de peu de relais de croissance et d'exportation". Dans son commentaire, le Crédit agricole relève que "l'Algérie est un pays pratiquement sans dette publique, ni dette externe, et dispose donc d'un peu de temps pour mettre en place des réformes pour stabiliser ses déficits". Toutefois, souligne-t-il, "depuis l'été 2014, peu de réformes d'envergure ont été réalisées, car les autorités espéraient sans doute une remontée rapide des cours du pétrole". La publication du Crédit agricole indique que depuis le début 2015, la Banque centrale a autorisé une dépréciation du dinar de 23% par rapport au dollar ; ce qui devrait contribuer à réduire un peu le déficit commercial et à rabaisser les seuils d'équilibre du budget (115 USD le baril) et du solde courant (90 USD le baril selon le FMI). "Toutefois, les principaux défis restent politiques et sociaux. Envisager la privatisation des entreprises publiques inefficaces, réduire le taux de l'économie informelle estimé à 40% du PIB, lutter contre les corruptions et instaurer un meilleur climat des affaires pour attirer des IDE semblent des priorités sans doute plus urgentes que la réduction des subventions à l'économie, qui devait paupériser une classe moyenne encore peu développée", analyse le Crédit agricole. M.R.