Abdou Bouderbala, en conférence de presse hier, prône la politique de filialisation et révèle un plan d'optimisation et de modernisation à l'horizon 2025. En passant en revue les bilans de la campagne hadj, en plus de la saison estivale, Abdou Bouderbala, P-DG de la compagnie nationale Air Algérie, parle d'"une campagne ordinaire" et d'"un été tranquille". Mais au-delà du souci de dresser des bilans, le patron d'Air Algérie a réuni hier ses cadres à l'hôtel militaire de Béni Messous, pour révéler, enfin, sa feuille de route et donner le la de ce qui va être entrepris par la compagnie pour assurer sa survie. Il révèlera, ainsi, le plan d'optimisation et de modernisation à l'horizon 2025 sans omettre de mettre en avant la filialisation, en guise de cheval de bataille, en annonçant la naissance du groupe AH. Cela implique la création de sociétés autonomes sous un même porte-drapeau qui a déjà commencé avec le catering et va se poursuivre avec le handling, maintenance, le fret (cargo ) qui sont déjà approuvés par le CPE en plus des services (va englober le low-cost ou le charter) et ce, dans le cadre d'un plan de développement à moyen terme (2013-2017) en s'accommodant de partenaires de renoms comme cela va être le cas pour la filiale maintenance. La vision va s'étendre à l'horizon 2025 et suppose, entre autres, une nouvelle phase d'acquisition ou de rajeunissement de la flotte. Air Algérie va, d'ailleurs, recevoir un nouvel avion fin décembre sur les huit dernières commandes courant 2016, pour finir, à cette même année, à 59 appareils. Il est question, par ailleurs, de la création d'une école aéronautique, de redimensionnement des effectifs et maîtrise de la masse salariale, d'évolution de réseaux de vols et de la réalisation d'un hôtel propre à Air Algérie. Les responsables de la compagnie prévoient aussi la mise sur pied de bases sur Oran, Constantine et Annaba, pour une plus grande maîtrise du trafic et l'ensemble de l'activité, et aller même dans les détails en procédant à l'assainissement des créances (2 milliards de dinars récupérés, jusque-là), réduction des frais d'escales. "La performance se traduira par une amélioration sensible des retards sur lesquels nous avons enregistré un recul", a insisté Bouderbala, soutenant qu'"il faut acquérir toutes les certifications en améliorant ses performances pour rallier une alliance". À la question de savoir combien va coûter cette ambitieuse transformation, notamment en ces moments de crise économique, le premier responsable d'Air Algérie notera : "Hormis le plan de renouvellement de la flotte ou son renforcement, pas grand-chose. Il s'agit de mieux organiser le fonctionnement de la compagnie en éliminant les dépenses superflues ou mal réparties, et faire des filiales des centres de profits. De plus, le retour des investissements sera rapide". À cela va s'ajouter la mise sur pied du nouveau Hub d'Alger, et ce, avant et après la réalisation de la nouvelle aérogare et la mise en place de nouvelles dessertes dont Ganzhou (Chine), Brazzaville et Libreville, en attendant New York. Suppression progressive des agen-ces commerciales et encouragement de la vente via Internet L'aspect commercial est longuement abordé par Bouderbala qui cédera la parole à ses collaborateurs pour prôner une politique d'excellence à même de générer des profits. Le chemin ne sera point facile pour la compagnie qui doit fédérer toutes les troupes pour réussir une "résurrection". Bouderbala parlera "d'œuvrer pour mettre la compagnie à l'abri de déstabilisation et de pertes d'énergie". Un message clair en direction du partenaire social auprès duquel le garant de la maison a déjà gagné un pari en menant une saison estivale sans anicroche. Aujourd'hui, il est question d'aller plus loin dans la logique d'optimisation en recourant à la fermeture des agences commerciales hormis pour les plus importantes d'entre elles. Comme alternative, Air Algérie va encourager la vente directe via Internet et grâce aux agences de voyages agréées. Le personnel sera, bien entendu, déployé. "Le volet tarifaire reste, quant à lui, dépendant d'un certain nombre de facteurs", a expliqué Zoheïr Houaoui, directeur commercial de la compagnie, qui, dans son exposé, a abordé les initiatives à entreprendre pour améliorer l'image de la compagnie et satisfaire le client : "Il s'agit d'adopter un programme de retrofit visant à rajeunir l'ancienne flotte, d'introduire un meilleur programme de divertissement (long-courrier) améliorer les cabines, lancer la connectivité (GSM et Wifi), présenter un choix de menus plus élaboré et de la vaisselle en porcelaine, améliorer le réseau social facebook et diversifier les programmes de fidélité", et de poursuivre : "Il est question aussi de mettre en place un nouveau site web et une plus grande prise en charge via le call-center qui va s'étendre même au-delà de nos frontières. On prévoit la réception définitive de la nouvelle flotte, la formation de 300 pilotes ab initio (50 actuellement à Oxford), le recrutement de 300 PNC et recours à l'affrètement pour ménager tous ces changement jusqu'à stabilisation de la situation". Houaoui parlera également de la modernisation des modes de paiement (paiement électronique), de l'acquisition d'un nouveau PSS (Passenger service solution) avant de céder la parole à Mounia Bertouche. En sa qualité de directrice de la communication d'Air Algérie, cette dernière abordera la nouvelle stratégie en la matière, reconnaissant qu'il existe un déficit en ce sens. Elle plaidera alors pour "une plus grande coordination entre les différentes structures pour remonter l'information au plus vite". Prenant conscience qu'il se situe à ce niveau un enjeu majeur, Air Algérie décide de mieux s'appliquer en interne comme en externe et même dans les cas d'urgence et de privilégier la communication digitale. Air Algérie s'équipe en iPad, smartphone Condor et puce 3G Mobilis C'est dans l'ère de la numérisation que s'inscrit désormais la compagnie nationale qui décide d'opérer une dématérialisation papier en épargnant aux pilotes de recourir à des manuels volumineux en papier en plus de la communication. En ce sens, la compagnie a choisi d'équiper les pilotes en iPad pour la simple raison que c'est la seule marque tolérée (500 tablettes) tout en prévoyant 1 800 smartphones de marque Condor pour le personnel navigant. Cela servira aux échanges d'informations en temps réel et de manière plus efficace, notamment pour ce qui est des changements de programme et autres. Le contrat de partenariat a été conclu hier entre le P-DG d'Air Algérie et Abderrahmane Benhamadi, président exécutif du groupe Condor. Celui-ci a déclaré à l'occasion : "Nous sommes heureux de ce partenariat qui vient renforcer les liens et donner au partenariat public-privé tout son sens." À la cérémonie de signature s'est joint, également, Saâd Damma, P-DG de Mobilis, qui, pour sa part, va assurer la partie Data avec des puces 3G. "Nous allons accompagner Air Algérie dans l'implémentation d'un nouveau système d'information et de communication au niveau de sa direction des opérations aériennes", a indiqué Mobilis en expliquant que "ce système permettra à Air Algérie une facilité d'échange d'informations et de données entre le personnel navigant et les services en charge de la planification, de la programmation et de la préparation des plans de vols en utilisant la data 3G++ de Mobilis". N. S.