La rétinopathie diabétique (RD) est une affection fréquente et potentiellement grave. Elle est parmi les 5 premières causes de cécité et de malvoyance. C'est la première cause de cécité et de malvoyance avant 65 ans. Environ 1,5% des diabétiques sont aveugles et 7% à 10% sont malvoyants. La RD provoque entre 500 à 1 000 nouveaux cas de cécité par an. Dans le monde, ont estime à 300 millions de personnes atteintes de rétinopathie diabétique (dont 230 millions dans les pays en voie de développement et 70 millions pour les pays industrialisés). Le plus souvent elles sont la conséquence de l'aggravation des diabètes de type 2 au phénomène de sédentarité (diminution de l'activité physique et augmentation des acides gras dans l'alimentation) La prévalence et la sévérité de la RD sont liées à la durée et au type du diabète. Diabète type 1 : après 15 ans d'évolution, on observe 85% de RD et 30% de RD proliférant (RDP). Diabète type 2 : après 15 ans d'évolution, on observe 58% de RD et 4% de RDP. Les principaux facteurs de risque de la rétinopathie diabétique La durée du diabète (plus la durée est longue plus le risque augmente), le type de diabète, équilibre glycémique (la RD apparaît d'autant plus tôt que l'équilibre glycémique n'est pas assuré correctement), l'équilibre tensionnel (la RD apparaît plus gravement en cas de déséquilibre tensionnel associé) et la dyslipidémie (hypertriglycéridémie). Le risque d'une RD chez la femme enceinte diabétique est multiplié par 2, 3, ce qui implique un suivi ophtalmologique régulier chez ces personnes à risques. Facteurs de risque de progression de la rétinopathie diabétique Diabète type 1 : la durée du diabète et l'hyperglycémie chronique Diabète type 2 : la durée du diabète, l'hyperglycémie chronique et l'hypertension artérielle (HTA) associée et mal contrôlée. La néphropathie représente un rôle aggravant pour la RD. L'hyperglycémie chronique est la source de la genèse de la rétinopathie diabétique, soit par hyperperméabilité des capillaires conduisant à la constitution de l'œdème rétinien (œdème maculaire : OM), soit par occlusion des capillaires conduisant à l'apparition de la rétinopathie ischémique (avec apparition de nodules cotonneux, hémorragies, anomalies microvasculaires rétiniennes Amirs°) ou à la rétinopathie proliférante (RDP). Evolution de la rétinopathie diabétique : la baisse visuelle ne survient qu'après une longue période d'évolution silencieuse de la RD, et elle est causée par ses complications. Une surveillance ophtalmologique régulière tout au long de la vie du diabétique et entreprise précocement permet d'éviter ces complications. Cette surveillance consiste à faire un examen du fond d'œil avec des photos une fois par année associée au besoin à une OCT (optic cohérence tomography) L'angiographie du fond d'œil, jadis systématique, n'est actuellement indiquée que dans des cas spécifiques. La prise en charge de la RD s'est profondément modifiée au cours des dernières années. La classification de la RD et les modalités de prise en charge sont bien standardisées. La classification internationale de la RD est basée sur la photographie du fond d'œil (FO). Pourquoi le dépistage ? Evolution de la RD : la baisse visuelle ne survient qu'après une longue période d'évolution silencieuse de la RD, par ses complications, donc la surveillance ophtalmologique régulière tout au long de la vie du diabétique permet d'éviter ces complications. Pour le diabète type 1 : examen annuel par photos du FO à partir de l'age de 10 ans chez l'enfant, annuel à partir de 3 ans de diabète chez l'adulte (en effet la RD apparaît après 7 ans d'évolution du diabète). Pour le diabète type 2 : examen annuel à partir de la découverte du diabète (car la date du début du diabète est toujours incertaine). Il faut renforcer la surveillance en cas de grossesse, en cas de puberté et en cas de chirurgie de la cataracte. Prévention Pour le diabète type 1 : obtenir un bon contrôle glycémique avec un taux de HBA1C à 7% ou glycémie autour de 1,70 g/l en limitant au maximum le nombre d'hypoglycémies, assurer une bonne éducation du diabétique quant au régime alimentaire à suivre, faire apprendre correctement les techniques d'injection d'insulines et faire apprendre la notion de l'autocontrôle. Pour le diabète type 2 : améliorer le captage du glucose par les tissus périphériques (muscles, foie) par une réduction du poids, un exercice physique quotidien, à la prise régulière de médicaments hypoglycémiants, obtenir un contrôle HBA1c entre 6,5% et 7%. Perdre de 10% à 15% du poids maximum, prendre 3 repas équilibrés par jour avec éventuelles collations, pratiquer une activité physique régulière : 30 à 60 minutes par jour. En résumé, le patient diabétique doit avoir une hygiène de vie stricte qui doit être mise en place via une sérieuse éducation sanitaire et thérapeutique et doit bénéficier d'une surveillance ophtalmologique régulière tout au long de sa vie. Dr A. M. Ophtalmologiste