Plus de 7 000 femmes violentées en Algérie ont porté plainte contre leurs agresseurs au cours des 9 premiers de l'année en cours, dont 5 350 cas de violences physiques et 7 375 cas de mauvais traitements. Parmi elles, 22 y ont laissé la vie. Ce bilan macabre, enregistré par les services de la police, a été commenté, hier, par la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem-Si Amer, invitée à l'émission matinale de la radio Chaîne III. La ministre a avoué qu'elle "ne s'explique pas" ces faits malheureux qui tendent à s'amplifier, sinon que cette situation est l'une des conséquences de la "décennie noire", période de violence islamo-terroriste qui a endeuillé l'Algérie, durant les années 1990. Mme Meslem a évoqué l'arsenal juridique pour lutter contre la violence faite aux femmes (harcèlement sexuel et violence conjugale...), rendu réel après l'amendement du code de la famille et la révision du code pénal, en le qualifiant, cependant, d'"insuffisant". Dans ce cadre, la ministre a rappelé l'élaboration du projet de loi du gouvernement criminalisant les violences faites aux femmes, entériné en mars dernier par l'APN, qui est bloqué au niveau du Conseil de la nation, en espérant qu'il sera adopté lors de sa session d'automne. Mais, elle insistera sur le fait que "beaucoup de femmes ignorent les lois qui les protègent" et leurs droits, et surtout que "très peu" de victimes osent se présenter aux postes de police lorsqu'elles sont brutalisées ou harcelées. La ministre de la Solidarité a également indiqué que le phénomène de violence à l'égard des femmes est l'affaire de toute la société, se montrant optimiste quant au changement des mentalités, à la protection et à l'assistance des victimes, grâce à la contribution des institutions de l'Etat, au mouvement associatif et à l'élite. Hier, l'invitée de la Chaîne III a choisi la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, célébrée le 25 novembre de chaque année, pour annoncer la révision, par le ministère de la Justice, de certaines dispositions du code de la famille. "Le code de la famille doit être revu et un travail se fait actuellement dans ce sens au ministère de la Justice", a signalé la ministre. Non sans rappeler que cette décision émane du président de la République en personne, lequel avait chargé, le 8 mars dernier, un comité ad hoc de la révision, notamment, des articles relatifs au divorce "qui prêtent à interprétation" en vue d'y introduire les clarifications nécessaires. Et comme pour rassurer les auditeurs, Mme Meslem a rappelé le rôle joué par le Conseil de la nation, lors de son actuelle session, qui a adopté le projet de loi amendant et complétant le code pénal portant de nouvelles procédures sur la protection de la femme contre toutes les formes de violences. Enfin, elle a annoncé qu'elle a reçu "des assurances" quant à l'adoption de la loi criminalisant les violences à l'égard des femmes qui, notera-t-elle, a connu des "résistances" de la part de certains partis islamistes qui ont tenu "un discours religieux très fort au sein du Parlement". Ces annonces confirment, si nécessaire, l'importance de s'attaquer en urgence à un grave fléau qui porte préjudice à la santé publique et qui, au risque de nous répéter, constitue une violation des droits de l'Homme. H. A.