Alors qu'un plan d'urgence de près de 6,5 milliards de dinars a été demandé aux pouvoirs publics pour débloquer dans l'immédiat la situation de la SNVI, nous apprenons que plus de 1 110 travailleurs, dont les meilleurs cadres ayant bénéficié de la retraite anticipée, vont définitivement quitter l'entreprise avant la fin décembre. "C'est une véritable hémorragie qui va peser lourdement sur la santé de l'entreprise déjà affectée par la mauvaise gestion et l'incompétence de certains cadres", nous a affirmé, hier, un cadre syndical du groupe. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, sur ces 1 110 travailleurs figurent les meilleurs ouvriers qualifiés de l'entreprise dont certains accumulent plus de 30 ans d'expérience à la SNVI. Plus de 600 d'entre eux sont déjà sortis, les autres ont déjà déposé les dossiers au niveau de la CNR, précise notre interlocuteur. Des cadres, ayant suivi des formations pour leur mise à niveau à l'étranger, font partie du lot. Ce départ massif à la retraite trouve son explication dans la mauvaise ambiance qui règne au sein de l'entreprise et à l'arrêt de la production qui a affecté le moral des travailleurs. Le P-DG du groupe avait évoqué ce problème de départ massif qu'il a qualifié d'une grande perte pour l'entreprise. "Si j'avais le pouvoir, je ne laisserais pas ces cadres et ces ouvriers qualifiés partir, car ils sont indispensables pour l'entreprise", avait-il souligné. Cette saignée inattendue va assurément peser sur le plan de relance de l'entreprise que le gouvernement va, une nouvelle fois, financer pour éviter la fermeture de la SNVI. Selon un autre syndicaliste de la filiale VIR, "l'enveloppe de 6,5 milliards de dinars demeure insuffisante pour le programme exploitation, car nous avons des dettes fiscales et parafiscales et d'autres dettes envers nos fournisseurs à honorer", nous a-t-il affirmé, précisant que les aides attribuées par le gouvernement à la SNVI doivent être suivies par un changement au niveau du staff de certaines filiales. "À quoi cela sert-il de donner encore de l'argent à l'entreprise quand celle-ci est mal gérée et mal exploitée par ceux qui ont la charge de le consommer ?" Le secrétaire général du groupe, Amar Bouadjadja, est du même avis. "Nous avons toujours exigé un changement sur le plan management et nous maintenons cette revendication, car sans cette mutation, les problèmes demeureront", précise-t-il. Selon notre interlocuteur, une somme de 11 milliards de dinars a été également demandée pour la mise en place d'un plan d'action pour les trois années à venir (2016, 2017 et 2018) et plus de 5 milliards de dinars pour l'achèvement de la production de 2015. À rappeler que plus de 400 véhicules, entre camions et bus, n'ont pas été livrés à cause du manque de pièces (non commandées ou inadaptées), alors qu'une vingtaine est en attente de livraison. Selon une source proche de la direction, la commande totale de la SNVI s'élève à plus de 6 000 véhicules, à savoir 4 500 camions et bus et 2 500 autres. Un plan de charge qui pourrait sauver le groupe, n'étaient ses récurrents problèmes de trésorerie et son déficit en management. M. T.