La Société nationale des véhicules industriels (SNVI) a réussi à convaincre les pouvoirs publics sur son plan de charge. Le conseil des participations de l'Etat (CPE) a approuvé dimanche son plan de développement tracé sur les cinq prochaines années. Un comité interministériel a été installé pour trancher sur la prise en charge des dettes s'élevant à 62 milliards de dinars et du découvert bancaire se chiffrant à 42 milliards de dinars. C'est ce qu'a annoncé hier en substance le PDG de la SNVI, Mokhtar Chahboub, à la Chaîne III. Ce plan de développement permettra à l'entreprise d'envisager l'avenir avec plus de sérénité, a déclaré le premier responsable de la société publique, ajoutant que «ce plan tracé dans les 3 à 5 années à venir a pour objectif le repositionnement de la SNVI sur le marché du véhicule industriel au niveau national, régional et international, afin de reprendre avec la croissance et le développement de la gamme des produits». Les responsables de la SNVI ont sollicité les pouvoirs publics pour mettre à leur disposition les moyens financiers nécessaires dans le but de réaliser les plans d'investissement et d'améliorer les produits. Il a été convenu, selon M. Chahboub, le maintien dans le périmètre de l'entreprise des activités qui sont considérées comme nobles et stratégiques. S'agissant de la prise en charge du problème des dettes cumulées depuis de longues années et le découvert bancaire, l'invité de la chaîne III a affirmé en ces termes : «Nous sommes en discussions dans le cadre d'un comité interministériel au niveau du ministère des Finances pour décider de mesures à caractère financier et des dispositions pratiques, selon un planning à mettre en œuvre pour remettre l'entreprise dans une situation normale. L'enveloppe qui sera dégagée servira à la prise en charge du passif». Le patron de la SNVI a sollicité, également, un fonds de roulement permettant d'envisager la réalisation des prochains plans d'une manière sereine. Il s'agit à court terme d'une somme de 3 milliards de dinars, considérée comme indispensable pour répondre à une forte demande nationale et étrangère. Le PDG de la SNVI a évoqué un programme d'expansion sur dix ans. «Nous sommes en train d'évaluer les actions nécessaires. L'objectif de la SNVI n'est pas de maintenir ses capacités de production dans ses niveaux actuels, mais de se développer pour reconquérir ses parts de marché», a-t-il souligné. Parmi les autres dispositions prises en faveur de la SNVI figure la décision du gouvernement demandant aux banques d'accompagner la SNVI afin qu'elle puisse réaliser ses plans de charge conséquents pour trois prochaines années et ce, dans des conditions normales. Pour rappel, le ministère de l'Intérieur et des collectivités locales avait effectué une commande auprès de la SNVI d'une valeur de 22 milliards de dinars, portant sur l'acquisition de 1300 minicars destinés au transport scolaire et 2870 camions industriels. Le 30 septembre dernier, le ministre des Transports Amar Tou s'est rendu au complexe de la SNVI de Rouiba, pour effectuer une commande assez importante, à savoir 200 bus de transport urbain destinés aux villes de l'intérieur du pays. Ce plan de charge avoisine les 35 milliards de dinars et représente deux années de plans de charge, a tenu à signaler M. Chahboub, précisant que l'Etusa (entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger) a été désignée comme maître d'œuvre de l'opération du ministère des Transport et que le programme de réalisation des 200 bus va être engagé dès 2010. La SNVI a obtenu des commandes du secteur privé s'élevant à 5 milliards de dinars. Un programme à l'export est également en vue, notamment avec des pays africains. En termes de capacités de production, le fleuron de l'industrie algérienne ambitionne d'atteindre la production de 10 000 véhicules/an (camions de 6 à 38 tonnes). Les 10 000 camions représentent un chiffre d'affaires de 40 milliards de dinars. S'agissant des partenariats noués par la SNVI avec les entreprises étrangères, le français BTK et l'entreprise allemande ZDF, ils ne sont pas remis en cause après la décision des pouvoirs publics sur la détention du capital à hauteur de 51% par un investisseur local. Cette disposition n'est pas rétroactive, a clarifié le PDG de la SNVI. L'industrie automobile en Algérie : «C'est à notre portée» Interrogé sur la possibilité de création d'une industrie automobile en Algérie, le PDG de la SNVI est optimiste. «Il y a en ce moment beaucoup de discussions sur ce projet. Moi, j'y crois. Nous sommes en train de constater une évolution dans l'attitude de certains constructeurs occidentaux ou asiatiques qui se rapprochent du ministère de l'Industrie pour envisager la réalisation des unités de montage ou de production intégrée en Algérie», a-t-il confié, avant d'ajouter que «des analyses réalisées par des cabinets internationaux démontrent qu'il existe en Algérie environ 3000 entreprises, dont 2500 entreprises privées algériennes, qui activent dans l'industrie automobile. Tous les composants qui concourent à la fabrication de véhicules industriels ou particuliers existent en Algérie. La SNVI, à elle seule, exploite un réseau de 200 sous-traitants de manière assez intensive». Toujours dans le même chapitre, il a soutenu : «Mon sentiment personnel : l'action qu'il faudrait mener à l'avenir est celle de profiter de l'avantage comparatif pour s'intégrer dans la stratégie de grands groupes. Nous ne pouvons pas évoluer seuls. Il n'est plus question aujourd'hui de renouveler les actions des années 70, c'est-à-dire acheter des usines clés en main. Il faudrait trouver les moyens pour s'intégrer dans les stratégies de grands constructeurs d'automobiles et d'industrie».