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Les préoccupations d'Amnesty International en Algérie Atteinte au droit de réunion et de militantisme, étouffement de la presse et violences contre les femmes
Amnesty International prépare son rapport annuel sur l'Algérie, qu'elle rendra public au mois de février prochain. Elle y sériera tous les dépassements commis par les pouvoirs publics. La célébration de la Journée mondiale des droits humains, ce 10 décembre, est une opportunité saisie par Amnesty International pour communiquer sur la quatrième édition du "marathon des lettres", une grande campagne mondiale en faveur des droits de l'Homme. C'est aussi une occasion pour alerter sur la situation intra-muros dans le pays. Et là, l'ONG internationale exprime deux préoccupations majeures : la répression de la liberté de dire et de se positionner politiquement et les violences sous toutes leurs formes à l'égard des femmes. "Les autorités algériennes ont intensifié la répression de la liberté d'expression en ligne et hors ligne à travers le pays ces dernières semaines", affirme-t-on. Pour la directrice d'Amnesty Algérie, Mme Hassina Oussedik-Giraud, "toute personne qui émet des opinions est poursuivie en justice. Elle est condamnée, généralement, à des amendes de plus en plus élevées". Les cas sont nombreux : le dessinateur Tahar Djehiche (condamné à 6 mois de prison assortie d'une amende de 500 000 DA), le blogueur Okacha Mehda inculpé pour un commentaire posté sur Facebook, sept manifestants du comité national contre le chômage à Ouargla et à Tamanrasset condamnés le 7 octobre dernier à une année de prison et une amende de 5 000 DA chacun, le journaliste Hassan Bouras à El-Bayadh (poursuivi pour outrage à corps constitué)... "La récente série d'arrestations et de poursuites visant des militants pacifiques tend à montrer que les libertés civiles sont de plus en plus menacées en Algérie", soulignent des animateurs de l'ONG. Au-delà, c'est la propension à museler la presse privée par étouffements financiers (chantage sur la publicité) qui fait craindre le pire. "C'est important pour une société d'avoir un débat contradictoire. Pourtant, dans le pays, on œuvre à réprimer l'expression libre", commente Mme Oussedik. Le phénomène des violences subies par les femmes inquiète aussi les militants des droits humains, particulièrement en raison des tergiversations du gouvernement à aller au bout de sa démarche consistant en la pénalisation des agressions physiques et morales contre les femmes quels que soient leurs auteurs et le lieu où elles surviennent (milieu familial, professionnel ou public). "Il est important que le Sénat adopte les dispositions contenues dans le projet de révision du code pénal. Nous aurons une réponse aujourd'hui", espère notre interlocutrice. Pour elle, il est indispensable que le pays se dote d'une loi-cadre sur les violences et la discrimination dont sont victimes les Algériennes, souvent dans la solitude. "Il faut une approche globale cohérente pour combattre efficacement le phénomène", suggère-t-elle. Amnesty International prépare son rapport annuel sur l'Algérie, qu'elle rendra public au mois de février prochain. Elle y sériera tous les dépassements commis par les pouvoirs publics. Il est avéré, néanmoins, que l'organisation n'a pas les coudées franches pour collecter l'information à la source et établir un constat exhaustif sur la situation locale. Bien qu'existant en Algérie depuis plus de 25 ans, elle active depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les associations (2012) sans agrément. "Nous nous sommes mis en conformité avec la disposition de la loi sur les associations. Nous avons déposé un dossier d'agrément à la fin 2013, dans les délais. Nous n'avons pas eu d'écho", informe Mme Oussedik, avant de poursuivre : "Nous avons adressé plusieurs courriers au ministère de l'Intérieur pour avoir des clarifications juridiques, sans obtenir de réponses. Nous avons saisi aussi le Premier ministre et le président de la République, en vain." S. H.