La section d'Alger d'Amnesty International a dénoncé, hier, la répression à Alger et dans plusieurs villes du pays de la marche de soutien au mouvement antigaz de schiste à laquelle ont appelé plusieurs partis politiques. Amnesty International réclame la levée de l'interdiction des marches dans la capitale. "Nous exprimons de sérieuses préoccupations concernant les libertés d'association et de manifestation et de droits humains en général en Algérie", a déclaré, d'emblée, Hassina Oussedik, lors d'une conférence de presse tenue à l'hôtel Sofitel autour du rapport 2014 d'Amnesty sur les droits humains dans le monde. La directrice de la section d'Alger de cette ONG regrette le non-respect des engagements pris par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, devant la communauté internationale pour la réforme des droits humains en Algérie. "Les avancées ne sont pas à la hauteur de nos espérances", assène-t-elle. Le rapport d'Amnesty International a noté des restrictions dans la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique, tout particulièrement à l'approche de l'élection présidentielle d'avril dernier, qui ont privé, selon cette organisation, les Algériens d'un débat contradictoire pour assurer l'égalité des chances des candidats. Amnesty estime que les rassemblements du mouvement Barakat qui protestaient contre la candidature de Bouteflika à un 4e mandat ont été, pendant cette période, particulièrement réprimés et ponctués par de nombreuses arrestations. Cette organisation a dénoncé également ce qu'elle a qualifié de "recours à une force excessive pour disperser des personnes qui commémoraient la répression violente de manifestations organisées en 2001 en Kabylie". Elle regrette que les résultats de l'enquête déclenchée par les autorités sur ces brutalités, qui ont fait perdre notamment à Lounis Aliouet un œil, n'aient pas été rendu publiques, jusqu'à présent. La directrice de la section d'Amnesty International d'Alger a fustigé, en outre, la gestion par le ministère de l'Intérieur du dossier de mise en conformité des associations. La date butoir pour l'enregistrement des associations existantes conformément à la loi 12-06 a pris fin en janvier dernier, mais le ministère de l'Intérieur n'a donné aucune réponse à de nombreux dossiers déposés pour l'agrément, dont celui d'Amnesty International. Ce silence met ainsi les associations et les organisations de la société civile sans agrément sous le coup de la loi qui prévoit des peines allant jusqu'à six mois d'emprisonnement assorties d'amende pour les membres des associations non enregistrées. Sachant que la disposition, qui stipule qu'en cas de non-réponse dans les trois mois l'autorisation d'activer devient tacite, peut devenir dans de nombreux cas aléatoire. Amnesty International, précise Hassina Oussedik, n'a pas reçu d'accusé de réception pour dépôt de dossier au ministère de l'Intérieur, ni de réponses à ses réclamations répétées adressées à la Présidence, au Premier ministère, à la Commission nationale des droits de l'Homme et à l'Assemblée nationale. Concernant les expulsions des migrants sans papiers, Amnesty soutient que dans de nombreux cas, elles ont été effectuées en dehors de toute procédure régulière et en l'absence de garanties. Hassina Oussedik cite l'exemple d'une Camerounaise placée en janvier dernier en détention préventive pour séjour irrégulier après s'être rendue dans un poste de police d'Oran pour déposer une plainte pour viol. S'agissant des droits des femmes, cette ONG salue quelques initiatives prises par les autorités algériennes. En l'occurrence, le versement par l'Etat d'une indemnisation aux femmes violées par les terroristes, le fonds gouvernemental destiné aux femmes divorcées ayant des enfants à charge et le projet de loi érigeant en infraction pénale le harcèlement sexuel dans les lieux publics, les violences infligées par un époux et toutes les sanctions prévues en cas de l'utilisation de la contrainte pour obtenir des ressources financières de la femme. Toutefois, Amnesty considère que les Algériennes ne restent pas suffisamment protégées par la législation contre les violences sexuelles. Hassina Oussedik estime que la définition du viol dans la loi algérienne n'est pas assez précise. Amnesty demande à ce que cette définition soit conforme au droit international. N. H.