La ville de Constantine a vibré tout au long de cette semaine aux sons de la poésie féminine, à travers la 8e édition du Festival culturel national qui s'est tenue du 6 au 10 décembre à l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader, puis à l'université 3 des arts et de la culture ; une manifestation culturelle qui vise à faire connaître et à promouvoir la fibre poétique de la femme algérienne de diverses wilayas du pays (Alger, Jijel, Béchar, Tizi Ouzou, Constantine, Oran...). Des femmes venues déclamer leurs vers face à des universitaires et autres Constantinois qui voient leur ville – capitale de la culture arabe – briller de mille feux sous les projecteurs de diverses activités culturelles qui tentent de lui rendre sa notoriété d'antan. La ville du savoir, berceau du grand "allama" Ibn Badis, a été heureuse d'abriter cette 8e édition qui a choisi comme thématique "La ville dans la poésie féminine contemporaine arabe". De nombreuses poétesses ont été invitées à ce rendez-vous, dont Samira Bourokba, Nassiria Laarja, Saliha Laâraji, Nacéra Tolba, Afaf Fennouh, Djamila Talbaoui, Besma Chikhou, Nina Lys Affane... En marge de ce festival, des conférences étaient aussi au programme autour de divers sujets en relation avec le thème choisi pour cette édition, tels que "la ville dans l'imaginaire créatif féminin", "Constantine dans la recherche académique féminine" ou encore "la présence de la ville dans la poésie féminine", animés par, entre autres, Dr Azzedine Menasra, Amina Belaâla, Abdelhamid Bourayou et Fatma Zohra Guechi. Le livre n'a pas été en reste, puisque quelques maisons d'édition étaient présentes à cette manifestation, dont Mim Editions d'Alger, l'Union des écrivains algériens, Dar El-Almaia et les éditions Le Champ libre de Constantine. Le lecteur était cependant le grand absent à cette manifestation, et une fois de plus l'amer constat se confirme : nos étudiants ne lisent pas. La présence du livre au sein même de l'université n'a pas suscité en eux l'engouement qui devait être le leur ; et le problème de la langue ou du domaine ne se posait pas, car il y avait de tout, mais pas ce qu'il fallait : l'amour de la lecture. Et comment demander aux étudiants de l'avoir si leurs professeurs ne leur donnent pas l'exemple ? En parallèle à cet événement poétique, Constantine abritait aussi, sous l'égide du ministère de la Culture, des journées d'étude sur la lecture publique, en présence de nombreux directeurs de la culture à travers le territoire national. Qu'en est-il réellement de la lecture en Algérie ? L'école joue-t-elle son rôle ? L'université ? Que fait-on réellement pour aider l'édition ? Les concernés se soucient-ils réellement de voir les enfants et les adultes lire ? Lisent-ils eux-mêmes au moins un livre par an ? La peinture avait elle aussi une part dans cette rencontre féminine. Des artistes peintres femmes étaient là pour ajouter cette touche artistique picturale à travers leurs tableaux visibles dans le hall de l'université, à la portée des jeunes curieux et amoureux de l'art qui venaient de temps à autre jeter un coup d'œil ; Ainsi, Chafika Bendali-Hacine, Safia Zoulid, Benmahmoud Farida, Leïla Baghli, Yasmina Saâdoun ont exposé leurs œuvres en confiant à leur public leurs expériences et leur ressenti. Mounira Saâda Khelkhal, la commissaire de ce festival, elle-même poétesse, est une militante chevronnée de la "cause culturelle" et se bat continuellement pour que la poésie garde sa place dans la sphère culturelle, et surtout pour que cette sphère reconnaisse le talent poétique indéniable de la femme. Malgré le marasme qui règne et le flou dans lequel baigne le secteur culturel en général, souhaitons longue vie à ce festival !