La question de l'utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l'agriculture en Algérie semble avoir été éludée par les responsables du secteur. Officiellement, leur utilisation est interdite depuis 2001, par un arrêté ministériel qui stipule que "l'importation, la distribution, la commercialisation et l'utilisation du matériel végétal génétiquement modifié sont interdites". Récemment encore, M. Smaïl Chikhoune, président du Conseil d'affaires algéro-américain, avait "exclu" des OGM à partir des USA où ils sont largement utilisés. "Tous les intrants, dont les fertilisants, utilisés seront étiquetés bio. Les OGM, dont l'usage est, d'autre part, interdit en Algérie, ne seront pas tolérés. Pour ce type de coopération, nous n'avons ciblé que les entreprises n'utilisant pas les OGM", avait-il assuré. Avec ces assurances, on pourrait croire que l'Algérien n'en consomme pas et est à l'abri des dangers supposés que pourraient comporter les semences génétiquement modifiées. Des dangers "prouvés", selon Greenpeace Par dangers, certains spécialistes, dont ceux de l'ONG Greenpeace, qui dans un rapport de juin dernier, indiquent que "des études indépendantes démontrant l'innocuité des cultures OGM sur la santé humaine ou animale sont cruellement absentes de la littérature scientifique". Le même rapport mentionne également que "quasiment tous les OGM commercialisés dans le monde produisent ou sont tolérants aux pesticides. Pourtant, alors que les pesticides doivent être testés pendant une période minimale de deux ans avant d'être autorisés en Europe, les tests de sécurité effectués sur les OGM n'ont jamais duré plus de 90 jours, même pour les plantes OGM pesticides", est-il indiqué. Outre l'impact sur la santé, les rapporteurs de cette ONG notent que les cultures génétiquement modifiés peuvent être "néfastes" à l'environnement. Un point qui mérite d'être évoqué au moment où la COP21s'est achevée avec des accords déjà qualifiés de "minimalistes". Selon Greenpeace, "les impacts sur l'environnement des plantes génétiquement modifiées créées pour résister à un insecte ravageur ou à un herbicide total ont été largement prouvés". Toujours d'après cette ONG, "seule la toxicité aiguë est prise en compte, sans évaluer les effets sur les organismes situés plus haut dans la chaîne alimentaire. Les conséquences peuvent pourtant être importantes et désastreuses (...)". "De nombreuses cultures du blé transgénique sécrètent leur toxine de la racine vers le sol, de ce fait, les résidus restant dans le champ contiennent de la toxine active." Ces quelques points, démontrent, selon Greenpeace et d'autres spécialistes, que consommer des OGM comporte des risques. D'autres spécialistes et chercheurs en agronomie voient, cependant, en ces OGM "une voie de salut pour l'humanité". D'autant plus que les Etats-Unis, l'Argentine, le Brésil et le Canada ont pleinement opté pour la culture transgénique, laquelle s'élève à 85% de leur production. Alors, qu'en est-il pour l'Algérie ? "En Algérie, le recours aux OGM est inéluctable" Pour M. Akli Moussouni, ingénieur agronome et expert en développement, "en Algérie, le recours aux OGM est inéluctable". Pour étayer ses propos, qui sont assez singuliers dans ce domaine, cet expert dira : "L'Algérie est un pays semi-aride, une terre pauvre ! Regardez ce que sont devenus les figuiers, les pruniers... ils ont tous disparu, car on n'a pas introduit les fertilisants nécessaires à leur survie (...) L'agriculture biologique nécessite un savoir-faire pointu que nous n'avons pas. Le recours aux OGM est inéluctable". Il expliquera que "c'est avec les OGN que nous pouvons mettre en place des plantes résistantes aux changements climatiques, notamment à la sécheresse et aux diverses infections". Interrogé sur les dangers supposés des OGM, M. Moussouni s'offusquera des alarmistes qui n'ont, selon lui, aucune preuve tangible. "Il ne faudrait pas partir sur des idées reçues ou bien des clichés (...) José Bové, (agriculteur français et farouche opposant aux OGM, ndlr), a perdu son combat. L'UE a autorisé les OGM américains sur son sol", a-t-il fait remarquer en ajoutant "qu'on a trop diabolisé les OGM, comme quoi ils porteraient atteinte à la santé et à l'environnement. Je pose une question : où sont les preuves ? Ce ne sont que pures spéculations". M. Moussouni notera, enfin, que le poulet de chair que nous consommons est "pire que tous les OGM réunis". "Savez-vous qu'on administre au poulet de chair des antibiotiques à une journée de son abattage, ce qui est strictement interdit. On est loin de la problématique des OGM à proprement parler, car nous consommons des OGM chaque jour et à notre insu", a-t-il conclu.