La rumeur a fait l'effet d'une bombe : l'âge de départ à la retraite aurait été décalé de cinq ans, selon certains journaux qui ont fait une lecture erronée de l'article 9 du décret exécutif 15-289 du 14 novembre 2015. Il aura fallu que le directeur général de la Caisse nationale des retraites, suivi du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, et du secrétaire général de l'UGTA montent au créneau pour démentir cette rumeur et calmer les inquiétudes des travailleurs. Mohamed El-Ghazi a affirmé, jeudi, que "le gouvernement n'a pas renoncé aux acquis du système actuel des retraites". "Je démens catégoriquement, au nom du gouvernement, les rumeurs sur la renonciation aux acquis des travailleurs dans le cadre du système actuel des retraites". Pour le ministre, "de telles décisions importantes concernant les travailleurs ne sauraient être prises sans y associer les partenaires sociaux". De son côté, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, a démenti ces rumeurs affirmant que "bien qu'infondées, ces allégations ont suscité une grande inquiétude auprès des travailleurs". Il a, dans ce contexte, souligné que ce "genre de décisions socioéconomiques qui concernent les travailleurs ont leur propre cadre qu'est la tripartite". Bien avant, le directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR) avait affirmé qu'il n'y avait "aucune instruction" au sujet de la révision de l'âge légal de la retraite. En fait, les journaux arabophones, qui ont donné cette fausse information, ont fait une lecture erronée du nouveau décret exécutif relatif à la Sécurité sociale des non-salariés qui exercent une fonction libérale. L'article 9 du décret exécutif 15-289 du 14 novembre 2015 relatif à la Sécurité sociale des personnes non salariées exerçant une activité pour leur propre compte stipule que "sans préjudice des dispositions des articles 8 et 21 de la loi 12-83 du 2 juillet 1983 relative à la retraite, l'âge donnant droit à la pension de retraite est de 65 ans pour les personnes de sexe masculin et 60 ans pour les personnes de sexe féminin". Mais la crainte des travailleurs reste de mise, non seulement en raison de la détérioration de la situation financière du pays, mais surtout depuis l'annonce faite par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de la dernière réunion tripartite tenue, à la mi-octobre à Biskra, où il a clairement annoncé son intention de revoir le système de retraite, notamment la retraite anticipée. "L'Etat paye leur pension de retraite alors qu'ils partent travailler ailleurs. C'est inadmissible. Cette situation, nous allons la revoir. Elle ne peut pas durer", a-t-il affirmé, avant d'annoncer qu'il comptait soumettre, avec ses partenaires de la tripartite, de nouvelles mesures qui réduiront l'hémorragie financière subie par la caisse de retraite. En tout cas, pour le Premier ministre, le système de départ à la retraite anticipée ne peut rester tel qu'il est et il devra être revu. "Il est anormal que des travailleurs cherchent à partir à la retraite anticipée à 49 ou 50 ans. Ces gens peuvent encore travailler et le pays a encore besoin d'eux. Mais, eux, ils préfèrent partir à la retraite." Avant d'affirmer : "L'Etat paye leur pension de retraite alors qu'ils partent travailler ailleurs. C'est inadmissible." Cela dit, et en attendant que la question soit inscrite à l'ordre du jour de la tripartite, le système des retraites devrait connaître, à l'avenir, des changements en vue de permettre à la CNR de remplir convenablement sa mission et d'équilibrer un tant soit peu sa situation financière. Il est clair que la retraite anticipée, une mesure exceptionnelle prise durant les années 1990 (elle concernait la retraite proportionnelle et la retraite sans condition d'âge prévues dans l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997), devrait faire les frais de la réforme à venir. Mais serait-ce suffisant pour garantir aux travailleurs un système de retraite infaillible ? Ce n'est pas sûr, vu les débats qui agitent les parlements du monde au sujet de cette question, il n'est pas dit que l'Algérie pourrait y échapper éternellement. A.B.