Hier au Forum d'El Moudjahid, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, s'est dépensé, encore une fois, pour expliquer les enjeux qui ont prévalu dans l'élaboration de la loi de finances pour 2016. Et pour rassurer quant à l'existence de garde-fous protégeant les entreprises publiques stratégiques contre la privatisation, Abderrahmane Benkhelfa a d'abord souligné que cette loi de finances traduit "les orientations sages du président de la République". "Il a ordonné que nous maintenions le rythme de la croissance malgré le recul des prix des hydrocarbures et il fallait trouver d'autres ressources pour compenser la chute drastique des recettes de la fiscalité pétrolière", a-t-il indiqué. Il a ensuite appelé au civisme fiscal : "Il ne faut pas que le contrôle coûte plus qu'il ne rapporte. Il est impératif de substituer les recettes de fiscalité pétrolière par les recettes ordinaires." "Nous avons des problèmes de recouvrement certes, mais nous avons pu, grâce à l'impôt forfaitaire unique, augmenter les revenus fiscaux de près de 15%", a-t-il affirmé. Le ministre des Finances a noté que la politique fiscale du gouvernement privilégie l'expansion de l'assiette plutôt que l'augmentation des impôts : "Pas d'impôts nouveaux, ni augmentation des taux d'imposition. De même que les exonérations dont bénéficient les entreprises de certains secteurs stratégiques pour les cinq premières années de l'activité peuvent aller jusqu'à 25% de leurs revenus. Nous sommes un des rares pays à consentir un tel effort pour encourager l'investissement. C'est dans un souci d'élargir l'assiette fiscale parce que la contribution de ces entreprises au-delà de la cinquième année est remarquable." Il a ajouté que "la stabilisation du système fiscal vise à donner de la visibilité sur le long terme aux investisseurs, aussi bien nationaux qu'étrangers". L'ouverture des entreprises publiques aux capitaux privés nationaux s'inscrit ainsi dans cette logique d'allégement du budget de dépenses pouvant être mobilisées sur les marchés financiers. "Nous ne pouvons les financer uniquement sur le budget de l'Etat, nous avons besoin de capitaux privés. Sachant que les entreprises stratégiques, à l'instar de Sonatrach et Sonelgaz, ne sont pas privatisables. Leurs statuts interdisent cette éventualité", a-t-il déclaré. Et d'insister : "Tous les capitaux propres sont les bienvenus." Le ministre des Finances a estimé que "l'ajustement graduel des tarifs de l'énergie (électricité et carburant) a pour objectif la préservation des entreprises qui la produisent à des coûts élevés et que le budget de l'Etat ne peut supporter seul le différentiel". Et d'appuyer : "La consolidation des règles d'investissement étranger est au cœur de cette politique qui aspire à installer l'économie algérienne dans le cercle vertueux de la croissance." "Nous ne pouvons avoir de croissance sans entreprises compétitives", a-t-il conclu. L. H.